Edouard Philippe se pose en donneur de leçons sur la Nouvelle-Calédonie et agace le camp présidentiel

Date:

Emmanuel Macron n’aime guère qu’on lui fasse la leçon. Encore moins quand les conseils viennent d’Edouard Philippe, son ancien premier ministre qui lui « doit tout », rappelle de temps à autre le chef de l’Etat avec une pointe d’agacement. Lorsque jeudi 23 mai, depuis Nouméa, le locataire de l’Elysée assure qu’il ne « passera pas en force » le projet de loi constitutionnel sur l’élargissement du corps électoral en Nouvelle-Calédonie, à l’origine de violentes émeutes sur l’archipel, le chef de l’Etat prend soin, aussi, de rappeler que sa « méthode », si critiquée dans le dossier néo-calédonien, est le fruit d’un travail collectif, engageant de facto la responsabilité de son ancien chef du gouvernement.

« Nous avons suivi un chemin qui avait été tracé [par les accords de Nouméa], pour autant nous n’avons pas collectivement suffisamment pensé le jour d’après », a signalé Emmanuel Macron, juste avant de quitter le Caillou. « Pour ceux qui ont, ou prétendent exercer de hautes responsabilités, il est toujours important de faire preuve d’humilité face à quelque chose de plus grand que soi », appuie un confident du président de la République.

L’Elysée a peu goûté d’entendre Edouard Philippe distiller ses mises en garde sur ce dossier complexe. Mardi 21 mai depuis Bayonne (Pyréenées-Atlantiques), le maire du Havre, patron d’Horizons, a dit espérer que les annonces du président seraient « à la hauteur ». Presque un coup de pression, émis peu avant le départ express du président de la République pour l’île, par l’ancien locataire de Matignon dont le travail a été encensé par nombre d’experts.

Après lui, « plus de pilote à Matignon »

Premier ministre de 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe s’était « complètement impliqué dans le dossier calédonien, acceptant la méthode et une mécanique lourde et symbolique », juge Jean-François Merle, ancien conseiller de Michel Rocard pour les outre-mer. Après le départ d’Edouard Philippe, « il n’y a plus eu de pilote à Matignon. Et plus de comité des signataires », réunissant les parties prenantes des accords de Nouméa pour préparer leur application, poursuit M. Merle, avant d’ajouter : « cette méthode, laborieuse et efficace n’est pas dans l’esprit de la “start-up nation” ».

A l’arrivée de Jean Castex à Matignon, « le dossier a été mis dans un tiroir », cingle Naïma Moutchou, députée (Horizons) du Val-d’Oise, membre de la mission d’information sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie à l’Assemblée nationale, rappelant que le sujet avait ensuite été confié au ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, puis au locataire de la Place Beauvau, Gérald Darmanin.

Il vous reste 58.55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Subscribe

spot_imgspot_img

Popular

More like this
Related