Gabriel Attal joue les équilibristes

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Une mission spéciale pour taxer les « rentes ». Face à l’ampleur du déficit public, le gouvernement a annoncé mardi le lancement d’une « mission » confiée à Jean-René Cazeneuve, rapporteur du budget. Aidé par des représentants des autres groupes de la majorité, le député Renaissance devra «  faire des propositions sur la taxation des rentes, d’ici à juin », a déclaré le Premier ministre, mardi 2 avril.

Mais qu’entend-il exactement par « rentes » ? Cette formulation, pour le moins floue, n’a pas manqué de faire réagir. « On ne rajoute pas des impôts aux impôts lorsqu’on détient le record du monde des prélèvements obligatoires », a fustigé sur X (ex-Twitter) le patron des Républicains, Éric Ciotti. Mais l’exécutif se défend toujours d’augmenter les impôts. Bruno Le Maire n’a pas jugé contradictoire d’affirmer, dans une tribune publiée ce mercredi dans Les Échos, que « nous n’augmenterons pas les impôts », tout en précisant, quelques paragraphes plus bas : « avec le Premier ministre, nous voulons lutter contre toutes les rentes ».

L’épargne des Français ne sera pas concernée

Le choix du vocabulaire a son importance alors que Gabriel Attal entame un véritable exercice d’équilibriste. Il doit, d’un côté, rassurer l’aile gauche de la majorité remontée par les récentes annonces sur la possible baisse de la durée d’indemnisation des chômeurs et, de l’autre, ne pas entacher la réputation pro-business d’Emmanuel Macron en augmentant les impôts. Surtout à quelques semaines des élections européennes. D’où l’emploi du terme « rentes » et non « superprofits », trop connoté à gauche.

Conscient de ces interrogations, le Premier ministre a voulu rassurer ce mercredi lors des questions au gouvernement. « Nous ne nous en prendrons jamais aux Français qui travaillent, au fruit de leur épargne, aux Français qui ont travaillé toute leur vie », a-t-il assuré, tout en précisant que «  le livret A ou l’épargne des Français » ne seront pas visés. Une taxation de l’assurance-vie serait ainsi exclue, selon les informations de La Dépêche du Midi. En revanche, les multipropriétaires fonciers ou les gros investisseurs pourraient, a priori, être concernés.

Gabriel Attal entend rester dans « la même logique » que la « contribution sur la rente inframarginale des énergéticiens et des pétroliers », a-t-il indiqué mercredi. Une taxe sur les superprofits qui ne dit pas son nom ? Au 20 heures de TF1 la semaine dernière, le Premier ministre avait affirmé avoir deux lignes rouges concernant la hausse des impôts « la première, c’est de ne pas augmenter les impôts des classes moyennes qui travaillent et qui ont travaillé toute leur vie. […] Deuxième chose, je n’augmenterai pas les impôts pour ce qui permet de financer le travail des Français », avait-il affirmé tout en rappelant ne pas avoir de « dogme » sur l’imposition des profits exceptionnels des entreprises.

La trajectoire permettant d’atteindre 3 % de déficit en 2027 sera dévoilée la semaine prochaine alors que les voix s’élèvent dans la majorité pour réclamer l’emploi du levier fiscal. « Je ne suis pas à l’aise parce qu’on ne peut pas demander aux personnes qui sont sans activité, en recherche d’emploi, d’avoir leur durée d’indemnisation réduite si de l’autre côté, on n’a pas cette justice qui fait qu’on regarde la taxation de ceux qui ont le plus bénéficié d’une situation particulière », a déclaré Yaël Braun-Pivet sur France Info ce mardi. De son côté, le président du MoDem, François Bayrou, a appelé le gouvernement à ouvrir les discussions sur une hausse ciblée des impôts.


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