A la loyale. Le président de l’Association des maires de France, David Lisnard, propose au président de la République de vider, une bonne fois pour toutes, la querelle portant sur les finances des collectivités locales par un débat public. Dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, mardi 28 mai, le maire Les Républicains de Cannes (Alpes-Maritimes) justifie sa proposition par la nécessité d’établir « des constats et des diagnostics partagés » et une « bonne information des citoyens ».
Celui à qui on prête une ambition présidentielle écrit, un rien provocateur : « J’ai noté que vous étiez particulièrement disposé à vous prêter à cet exercice », évoquant le grand débat national de 2019, celui annulé puis improvisé du Salon de l’agriculture, cette année, ou « la proposition que vous avez faite à la députée Marine Le Pen ».
« Il me semble nécessaire d’éviter toutes polémiques inutiles et toutes incompréhensions », recommande-t-il, après avoir mentionné les propos du président de la République dans une interview accordée à L’Express, le 23 mai. Au détour d’une phrase, M. Macron y déclare, en effet : « Hormis une dérive des dépenses initialement prévues qui est du fait des collectivités locales, il n’y a pas de dérapage de la dépense de l’Etat. »
Une affirmation « déloyale »
C’était agiter un chiffon rouge devant le nez d’élus locaux chauffés à blanc sur cette question lancinante des finances locales. Dans un communiqué, le 24 mai, leurs trois principales associations (Association des maires de France, Départements de France, Régions de France) s’agacent : « Non, Monsieur le président de la République, les collectivités locales ne sont pas responsables de la dérive des finances publiques », écrivent-elles.
L’affirmation de M. Macron est « déloyale », s’insurgent les élus locaux, qui soupçonnent le chef de l’Etat de chercher à se défausser, à leurs dépens, de la responsabilité du dérapage des comptes publics. En avril, le gouvernement a dû considérablement réévaluer ses prévisions de déficit public pour 2024 : 5,1 %, contre 4,4 % envisagés jusqu’à présent. Dans la foulée, il a présenté un plan d’économies de 20 milliards d’euros, avant un effort équivalent promis pour 2025.
Les élus locaux rappellent que si leurs dépenses augmentent, c’est du fait de l’inflation et des taux d’intérêts. Le prix des matières premières ou de l’énergie a « une incidence directe sur les dépenses de transport public, le fonctionnement des établissements scolaires », rappellent-ils. En outre, « l’exécutif a lui-même augmenté les dépenses locales en revalorisant, par exemple, la rémunération des fonctionnaires territoriaux à la charge des collectivités, ou les allocations sociales » qu’elles versent aux citoyens.
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