« Il faut un nouveau leitmotiv pour permettre aux Français et aux Allemands de réenchanter l’Europe »

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La visite d’Etat du président Macron en Allemagne est terminée depuis le 28 mai et le pari semble tenu : le couple franco-allemand a enfin retrouvé son rythme. C’était urgent, car les derniers mois ont été difficiles : pour Berlin, Paris et l’Europe. Cette visite réussie doit être le premier pas vers une relation plus apaisée et une volonté commune retrouvée de faire avancer l’Europe, si l’Allemagne et la France parviennent à donner de la substance à cette nouvelle dynamique.

Dans le passé, Paris et Berlin étaient fiers de surmonter leurs divergences et de trouver des compromis qui étaient ensuite acceptables pour tous les Européens. Mais, récemment, l’Europe manquait de ce leadership. Aux ambitions franco-allemandes pour l’avenir de l’Europe, de l’élargissement à la défense, semblaient s’être substitués les malentendus et une forme d’incompréhension virant souvent à l’irritation.

Les deux parties déploraient le manque de volonté de compromis et l’absence de réflexe bilatéral. Un tel vide est dramatique, car, sans Berlin et Paris, l’Europe n’avance guère. Le passé où un accord franco-allemand suffisait est certes révolu, mais le compromis franco-allemand est toujours indispensable pour transformer les crises en opportunités.

Reproches mutuels

Vues de Berlin, les propositions françaises unilatérales, disruptives et parfois peu préparées, agacent, comme le lancement, en octobre 2022, dans le contexte de la crise ukrainienne, de la Communauté politique européenne, nouveau format de discussion paneuropéen. Il a pour objectif d’engager les Etats européens non membres de l’Union, comme l’Ukraine, la Moldavie, le Royaume-Uni, la Serbie, la Turquie ou la Suisse (à l’exception de la Russie). La France apparaît souvent comme un partenaire difficile, imprévisible et peu enclin à la coordination.

Le président Macron estime que les prises de position disruptives sont parfois nécessaires pour débloquer des situations, mais il effraie ainsi son partenaire. La déclaration non coordonnée faite lors de la conférence de Paris de soutien à l’Ukraine, fin février, selon laquelle l’envoi de troupes occidentales n’est pas à exclure au nom de l’ambiguïté stratégique, en est un exemple presque parfait. Pour Berlin, Paris semble souvent ouvrir des débats inutiles, voire difficiles, et tenir des positions de principe qui freinent la résolution pragmatique des problèmes.

A Paris, on s’inquiète que l’Allemagne n’ait pas compris l’urgence géopolitique et agisse trop lentement, et on doute : Berlin veut-il régler les grandes questions d’avenir avec la France dans un cadre européen ? Initialement, Paris avait salué le changement d’époque (Zeitenwende) en Allemagne. Mais celle-ci semble jusqu’à présent surtout transatlantique et nationale, moins franco-allemande et européenne : Berlin a pris les décisions essentielles relatives à l’Ukraine en s’alignant sur Washington, comme la décision de livrer des chars de combat, et privilégie la prudence dans tous les débats sur la crise ukrainienne.

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