Dette, croissance, déficit… Ces indicateurs qui sont dans le rouge

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Tic-tac, tic-tac… Dans quelques heures, ce vendredi 31 mai, l’agence de notation Standard & Poor’s (S & P) rendra son verdict : la France conservera-t-elle son AA ou basculera-t-elle dans la catégorie inférieure AA- ? Lors de la dernière mise à jour, en fin d’année dernière, le pays a, certes, été épargné par la plus influente des agences de notation, mais certains indicateurs se sont dégradés depuis et d’autres restent dans le rouge vif. Plongée dans ces chiffres qui nous font entrevoir le pire.

Une croissance en berne

En fin d’année dernière, lors de la dernière mise à jour de la note par S & P, le gouvernement anticipait encore une croissance de 1,4 %… Cela sera finalement beaucoup moins. Au printemps, l’exécutif a revu sa copie à la baisse et table désormais sur une croissance de seulement 1 %. Et c’est encore optimiste. La plupart des prévisionnistes s’attendent à une augmentation plus laborieuse du produit intérieur brut (PIB).

À LIRE AUSSI La dette explose, les services publics se dégradent, Macron regarde ailleursLe consensus des économistes prévoit une croissance de seulement 0,6 %. S & P est un peu plus encourageante, avec une estimation de 0,7 %. Mais l’écart avec la prévision du gouvernement n’est pas négligeable. « Et les projections de croissance du gouvernement pour les années suivantes sont également trop optimistes, ce qui surestime la croissance estimée des recettes fiscales », nous précise Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management.

Un déficit abyssal

Alerte rouge ! Le Fonds monétaire international (FMI) a tiré la sonnette d’alarme le 23 mai : l’objectif des 3 % de déficit à la fin du quinquennat fixé par le gouvernement français pourrait ne pas être atteint. Le FMI s’attend en effet à un trou de 4,5 % dans les caisses si l’équipe du Premier ministre Gabriel Attal ne trouve pas plus d’économies à faire dans les prochaines années.

Et, pour cette année, ce n’est pas mieux. Alors que Bercy table sur un poussif 5,1 %, le FMI mise sur 5,3 %. L’exécutif a déjà assuré qu’il trouverait les économies nécessaires pour maintenir le cap. Mais rien ne dit que l’agence de notation va les croire sur parole. « Le scénario menant à une dégradation serait que l’État ne parvienne pas à maîtriser le dérapage des finances publiques et on y est clairement depuis le psychodrame du printemps sur les prévisions gouvernementales », souligne Norbert Gaillard, économiste et spécialiste du risque souverain.

Une dette toujours importante…

Par effet ricochet, l’absence de maîtrise de la dette publique fait elle aussi partie des éléments qui peuvent laisser craindre une dégradation. « Cet indicateur est très préoccupant, car, contrairement à la condition mentionnée par S & P pour maintenir la note de la France, la dette publique va augmenter d’ici 2025 à 113,1 % du PIB selon le gouvernement ! Et cette cible officielle est encore inférieure aux projections de la Commission européenne ou aux estimations du FMI », note Éric Dor.

… et supérieure à celle des autres pays de la même catégorie

La France bénéficierait-elle d’un traitement de faveur ? Certainement. Si l’on regarde d’un peu plus près, on peut s’apercevoir que « la dette publique de la France est supérieure à la dette des autres pays européens notés AA et aussi à la dette publique des pays de l’UE notés AA –, A +, A, A –, BBB +, et même BBB sauf l’Italie, et BBB- sauf la Grèce », pointe Eric Dor.

Pourquoi ? Car l’Hexagone demeure une puissance économique qui a dans sa besace de nombreux atouts, comme le fait que ses titres de dette soient des actifs prisés par les investisseurs, que son économie soit diversifiée ou que ses banques soient solides. Mais rien ne dit que ce privilège français sera éternel.


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