Ces entreprises françaises qui participent au retour sur la Lune

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Le programme Artemis de la NASA compte parmi les projets spatiaux les plus ambitieux de ces cinquante dernières années. En plus de l’agence américaine, des acteurs européens, dont français, sont impliqués dans cette aventure technologique de haute volée. Le défi est de taille et les répercussions sur l’industrie le sont tout autant.

Thales Alenia Space, un cador historique impliqué sur différents modules

Si l’être humain a déjà posé le pied sur la Lune à plusieurs reprises, le programme Artemis ambitionne d’y rester. La NASA veut bâtir une station orbitale autour de notre satellite, Lunar Gateway, continuellement habitée par des astronautes. Ces derniers réaliseront, périodiquement, des voyages sur la surface lunaire pour des missions d’exploration. Objectif final&nbsp: préparer les futurs vols de longue durée, vers Mars notamment.

« Le but est d’établir une présence d’infrastructures permanentes qui soient réutilisables, d’avoir une approche s’inscrivant dans la durée, » commente Xavier Roser, responsable de ligne de produits Exploration, Science et Services en Orbite pour Thales Alenia Space France, dans un entretien accordé à Siècle Digital.

Géant de l’industrie spatiale européenne, Thales Alenia Space participe à l’élaboration de plusieurs modules dans le cadre du programme Artemis. L’un d’entre eux, le Module de service européen (ESM) réalisé en collaboration avec un autre Français, Airbus, a déjà fait ses preuves lors de la mission Artemis I. Il assure le système de propulsion de la capsule Orion, qui transportera les astronautes.

La société franco-italienne est aussi chargée de la conception de trois autres modules. Elle est le maître d’œuvre de Lunar I-HAB, l’habitat principal de Lunar Gateway, assemblé en Italie. Recyclage de l’eau, cuisine, entraînement sportif… Il comportera tous les éléments de supports de vie des astronautes, « une sorte de camping-car de l’espace », image Xavier Roser.

À Cannes, Thales Alenia Space s’attèle aussi à l’élaboration des modules Lunar View et Lunar Link. Le premier, qui composera une partie de la station orbitale, est un autre module d’habitation, fournissant un jeu de fenêtres avec une vue à 360 degrés. « Cela permet d’observer la Lune, de voir au loin la Terre et éventuellement, de visionner une partie des opérations qui peuvent se faire autour de la station, » explique le dirigeant. Lunar Link, lui, agira comme un relais de communication entre Lunar Gateway, la surface lunaire et les véhicules qui circulent autour de la Lune. Il permettra aussi de commander à distance des robots se trouvant sur l’astre.

Vue d'artiste du module lunar View.

Au centre, Lunar View et ses nombreuses fenêtres. Illustration&nbsp: NASA.

La participation de fleurons de l’industrie française comme Thales Alenia Space ou Airbus au programme Artemis s’inscrit dans la lignée de la collaboration inter-agence sur la Station Spatiale internationale (ISS). La NASA a d’abord réfléchi à un concept de station orbitale dans le cadre du programme Artemis, puis s’est adressée à ses agences partenaires, notamment l’Agence spatiale européenne (ESA), pour développer ces idées. Cette dernière a fait appel aux principaux maîtres d’œuvre européens, puis a mis en compétition différents projets, pour aboutir aux plans actuels. Un processus qui a demandé plusieurs années.

Les start-up veulent aussi leur part du gâteau

Mais les multinationales, si elles jouent un rôle prépondérant dans les programmes, ne sont plus les seuls acteurs impliqués. Depuis plusieurs années, le secteur, stimulé par l’ampleur de la campagne Artemis, voit naître de nombreuses start-up et tout un écosystème dédié à l’économie spatiale&nbsp: le new space. En France aussi, ces jeunes pousses souhaitent apporter leur pierre à l’édifice pour participer au retour de l’être humain sur la Lune.

La société franco-allemande The Exploration Company, par exemple, a bon espoir que son véhicule cargo Nyx soit sélectionné pour mener une des missions Artemis. C’est aussi le cas de Spartan Space, start-up marseillaise fondée en 2021 spécialisée dans les habitats de l’extrême, maritimes, spatiaux ou polaires. Son système Eurohab, récemment testé dans les Alpes, est un refuge spécialement conçu pour les astronautes.

Le module Eurohab.

Le module Eurohab. Photographie&nbsp: Spartan Space.

Sa mission&nbsp: leur servir d’habitat secondaire lorsqu’ils sont en mission sur la Lune. Ils pourraient s’y reposer et s’y ravitailler. Un tel dispositif, dont la maquette a été élaborée à partir d’un co-financement de l’ESA, a été explicitement demandé par la NASA.

« Je vois une opportunité historique pour l’Europe de revenir sur le devant de la scène. Quand les Américains se concentrent sur le retour des astronautes sur la Lune, l’Europe peut fournir les logistiques autour, » argumente Peter Weiss, cofondateur et PDG de Spartan Space. La start-up collabore aussi avec le CNES pour fabriquer des combinaisons intravéhiculaires pour les astronautes européens.

L’engouement est au rendez-vous, mais pour l’heure les nouveaux acteurs ne sont pas assurés d’être sélectionnés pour Artemis. Pour Spartan Space par exemple, des négociations doivent être menées entre les agences locales, ESA ou CNES, avec la NASA. Outre-Atlantique, les start-up rivales sont nombreuses.

En Europe, les start-up émergent, mais les opportunités semblent moins évidentes. Une tendance qui pourrait se dessiner avec la volonté politique désormais affichée de stimuler l’écosystème du new space sur le Vieux Continent.

Un apport pour l’industrie française

En plus de l’émergence de start-up, leur implication dans le programme Artemis a le potentiel de se répercuter sur l’industrie tricolore dans sa globalité. « Nous sommes souvent contactés par des écoles d’ingénieurs ou des laboratoires pour des thèses. Les étudiants sont attirés, » relate Xavier Roser.

Le développement de telles technologies sur le sol français permet également de faire venir des travailleurs internationaux qualifiés. Un aspect que Peter Weiss tient à souligner, de nombreux ingénieurs de Spartan Space étant issus d’autres pays. « On parle souvent de retour sur investissement des missions, mais ce n’est pas uniquement monétaire. C’est aussi attirer des talents et les retenir en France, un bénéfice souvent oublié, » analyse-t-il.

Plusieurs technologies actuelles se sont améliorées grâce à la conquête spatiale, à l’instar de l’imagerie médicale ou des purificateurs d’eau. Il est probable que le programme Artemis entraînera des améliorations notables pour la société. Par exemple, la compagnie franco-américaine Interstellar Lab développe des systèmes de production alimentaire modulaires, pour faire pousser des fruits et légumes dans l’espace. Ses recherches sont aussi utiles sur Terre, car elles permettent d’accélérer la croissance des plantes tout en minimisant l’impact environnemental de la culture hors-sol.

La mission Artemis III, qui posera des astronautes sur la Lune plus de cinquante ans après le programme Apollo, est prévue en 2026 au plus tôt. Lunar Gateway, elle, devrait être déployée en 2028.

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