Maxime Mokom, l’ancien milicien anti-balaka libéré par la CPI, sans possibilité de retour

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L’affaire Mokom est l’une de ces histoires kafkaïennes dont la justice internationale détient parfois le secret. Sur la page Internet d’un site de collecte de fonds, bonnet noir sur la tête et parka sur les épaules, Maxime Mokom pose devant les tours de verre de la Cour pénale internationale (CPI). Le ciel néerlandais est gris et bas.

La photo de l’ancien chef anti-balaka, une association de milices apparue fin 2013 en Centrafrique en représailles aux exactions des combattants de la Séléka, vise à convaincre les internautes de lui porter assistance. Une cagnotte animée par ses avocats a été créée. « Maxime Mokom : une victime de la CPI », lit-on en titre.

La « victime » a longtemps été suspectée de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre par le bureau du procureur de la CPI. Lors de la guerre de 2013 et 2014 en Centrafrique, il dirigeait sur le terrain les opérations des milices anti-balaka lors desquelles les civils musulmans, assimilés à la Séléka ennemie, étaient pris pour cibles.

Jusqu’au 17 octobre 2023, Maxime Mokom était censé répondre des crimes les plus graves. Mais, ce jour-là, les juges ont annulé les charges portées contre lui, après que le bureau du procureur a abandonné l’affaire et expliqué, sans plus de détails, qu’il n’était pas en mesure de faire venir ses témoins à la barre. Le procès ne se tiendra pas.

« Il n’a jamais été notifié d’aucune charge »

« J’étais fier de sortir », raconte aujourd’hui au Monde Maxime Mokom depuis son pays d’exil, qu’il ne souhaite pas nommer et où il a déposé une demande d’asile. Mais cette liberté a un goût amer car son affaire ne s’arrête pas tout à fait là. L’homme de 45 ans n’a nulle part où poser ses bagages, et surtout pas en Centrafrique. En septembre 2023, un tribunal local l’a condamné à la perpétuité par contumace avec vingt-deux autres personnes, dont l’ancien président François Bozizé.

Lors de sa libération, son avocat s’est donc opposé immédiatement à un retour vers Bangui. « Ce jugement a été rendu tout à coup, en son absence. Il n’a jamais été notifié d’aucune charge. Pourtant, l’adresse de son domicile était connue de tout le monde : la prison de Scheveningen ! », qui abrite les détenus de la CPI, fustige MPhilippe Larochelle.

Ephémère ministre d’un gouvernement de coalition formé en 2019, Maxime Mokom avait fini par s’exiler au Tchad après avoir rejoint une nouvelle coalition entrée en rébellion contre le président Touadéra. Il y a été arrêté le 17 février 2022 sur la base d’un mandat d’arrêt émit secrètement en 1998.

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