une fresque de l’Etat et de sa diaspora

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Au Quai d’Orsay, on aime à rappeler que le ministère des affaires étrangères est « la plus grande mairie de France ». Les plus caustiques ironisent même volontiers sur cette « diplomatie nurserie ». Certes, depuis 2019, les consulats français n’assurent plus de fonction notariale, mais tout le reste des services perdure, depuis l’état civil jusqu’à la distribution d’aides sociales.

Malgré les coupes et les économies budgétaires, la diplomatie française garantit encore une assistance consulaire sans équivalent aux ressortissants français installés à l’étranger – un peu moins de 1,7 million sont enregistrés comme tels, mais ils seraient au moins 2,5 millions.

Les plus importants contingents vivent en Suisse, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Belgique. On parle néanmoins assez peu des Français de l’étranger, d’autant que la France n’a jamais été une terre d’émigration, à la différence, par exemple, de l’Italie ou de l’Irlande.

« L’administration consulaire française reste la plus dotée en services d’Europe », souligne Christian Lequesne dans son livre Le Diplomate et les Français de l’étranger (Presses de Sciences Po, 176 pages, 19 euros), dont l’objectif est « de comprendre les pratiques des représentants de la France officielle à l’égard des Français de l’étranger ». Ce professeur de sciences politiques à Science Po Paris avait, dans son précédent ouvrage, Ethnographie du Quai d’Orsay (CNRS Editions, 2017), analysé avec finesse la sociologie du monde diplomatique tricolore, ses représentations et son fonctionnement.

Reprenant les mêmes méthodes, il a mené 88 entretiens semi-directifs avec des consuls, des agents consulaires, des élus français de l’étranger, des professeurs des écoles français et des Français de la diaspora pour raconter en quoi consiste le travail consulaire. Cette diplomatie de terrain moins prestigieuse, mais tout aussi essentielle, est définie par certains de ses interlocuteurs comme une « diplomatie de ligne de front ».

Diplomatie d’influence

Dans l’histoire, la fonction de consul, c’est-à-dire la représentation d’intérêts très pratiques, notamment économiques et commerciaux, est apparue bien avant celle, beaucoup plus politique, d’ambassadeur. Bien qu’il soit effacé, c’est un vrai métier, qui nécessite une formation appropriée. L’étude de Christian Lequesne montre l’ampleur et la diversité des tâches que doivent assurer les consuls généraux, sous la houlette du Quai d’Orsay, de la direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire, qui montra son efficacité lors de la pandémie liée au Covid-19. Cela va de l’organisation des élections pour les scrutins nationaux à la supervision du vaste réseau des écoles françaises.

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