Une première en 55 ans d’histoire, dont le plus grand groupe électronique du monde se serait bien passé. Plusieurs milliers d’employés de Samsung Electronics ont débuté ce vendredi une grève. En cause : un conflit sur l’augmentation des salaires.
Des négociations au point mort
La menace d’une grève couvait depuis la fin du mois de mai. Le Syndicat National de Samsung Electronics (NSEU) représente 28 000 salariés sur 125 000, soit 22 % de la branche. Il se trouve derrière l’annonce du jour de grève ce 7 juin.
Le conflit concerne la bataille des salaires. Le NSEU réclame le changement du calcul des primes de performance, une augmentation de 6,5 % et un jour de congé payé supplémentaire. De son côté, la direction a uniquement accepté une hausse de la rémunération, de 5,1 %. Insuffisant pour le syndicat, qui a donc encouragé les salariés à poser un jour de congé pour faire grève ce vendredi, suivant le jeudi 6 juin, férié en Corée du Sud.
Les négociations ont pourtant débutées dès janvier. Sauf que voilà, la direction, elle, s’agace de ces demandes jugées trop élevées, alors qu’en moyenne, un employé de Samsung gagne 80 millions de wons par an (54 000 euros). Un revenu supérieur à la moyenne nationale.
La tête du groupe se trouve également face à une chute de ses revenus liés aux semi-conducteurs, son activité la plus lucrative en temps normal. Les demandes du syndicat agaceraient encore plus la direction dans un tel contexte.
Sur 2023, les pertes de cette division ont atteint 10 milliards d’euros. Malgré l’optimisme affiché par Samsung et la volonté de rassurer sur les futurs résultats, l’ambiance serait plutôt morose en haut de la pyramide.
Ses bénéfices ont chuté de 85 % sur un an, atteignant le niveau le plus bas en 15 ans. Des résultats financiers décevants qui ne poussent pas la direction à accéder aux demandes des salariés. Attention, Samsung Electronics demeure néanmoins très fructueuse.
Voilà pourquoi aucun des partis ne lâche le morceau depuis 6 mois. C’est parti pour durer, comme l’a sous-entendu Lee Hyun-guk, le numéro deux du NSEU : « cette utilisation coordonnée des congés est notre première étape vers notre objectif final, à savoir une grève à grande échelle ».
Quel impact sur la production ?
Avec les difficultés financières et une série d’échecs sur les semi-conducteurs, une valse des cadres a eu lieu chez Samsung ces derniers mois. Couplée à cette grève historique, la production s’en trouvera forcément impactée, mais très peu. Annoncée en amont, la grève a été anticipée. Elle concerne surtout des bureaux, moins les sites de production de puces.
Sans oublier que les usines sont largement automatisées, réduisant de toute façon l’impact d’une grève. De quoi réduire la menace SK Hynix. Il s’agit de la compatriote et rivale historique de Samsung. La mauvaise passe que traverse le groupe lui a permis de devenir le leader des puces mémoires à large bande passante (HBM), très prisées pour l’intelligence artificielle (IA).
SK Hynix s’occupe ainsi de la plupart des commandes de HBM de Nvidia, numéro 1 mondial des puces pour IA. Samsung pour sa part, attend toujours la certification de ses HBM par Nvidia.
En revanche, le géant sud-coréen semble toujours être le plus grand producteur de puces mémoires DRAM au monde. Ces dernières représentent le modèle classique, essentiel pour les smartphones, les ordinateurs et autres objets connectés.
En elle-même, la grève aura donc peu d’impacts sur la production et les résultats de Samsung. L’optimisme est même de retour côté des investisseurs. Ils ont monté son titre de 2,8% cette semaine, après que Jensen Huang, PDG de Nvidia, a dit en sous-texte que la certification des HBM du groupe est proche.
En d’autres termes, cela signifie que la production de masse est elle aussi imminente. Reste à voir si le Syndicat National de Samsung Electronics atteindra ses objectifs de « grève à grande échelle ». Si le mouvement s’étend effectivement, les retombées pourraient être plus importantes.
