Pour contrer la montée du RN, les syndicats dressent de fragiles digues

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Joëlle Prétot n’a qu’un mot pour qualifier la scène qui l’a saisie : « Affolant. » Le vendredi 22 mars, dans l’après-midi, cette militante de l’UNSA s’apprête à gagner la place située devant la gare de Montbéliard (Doubs), où un rassemblement est organisé contre la venue de Jordan Bardella. Avant de rejoindre les manifestants, elle passe à proximité de La Roselière, la salle dans laquelle le chef de file du Rassemblement national (RN) aux élections européennes tient un meeting ce soir-là.

Une file d’attente de plusieurs centaines de mètres serpente devant l’entrée. « Je me suis dit : “Qu’est-ce que c’est que cette ruée ?” », raconte la septuagénaire, à la retraite depuis une dizaine d’années mais toujours aussi prompte à revêtir la chasuble aux couleurs de son syndicat. Encore stupéfaite, elle affirme n’avoir « jamais vu ça », après quasiment un demi-siècle d’engagement.

Il y avait foule pour écouter le leader d’extrême droite, ce 22 mars. Environ 2 000 personnes, peut-être même un peu plus, dans une enceinte pleine à craquer. Beaucoup de jeunes, ainsi que des personnes venues de Besançon, d’Alsace, du Territoire de Belfort et d’autres secteurs du Grand-Est.

Nombreux fronts

Des « gens du coin » s’étaient également déplacés : Mme Prétot affirme en avoir reconnu « quelques-uns ». En revanche, ceux qui avaient répondu à l’appel de plusieurs organisations de salariés, de partis de gauche et d’associations pour dénoncer la présence du président du RN se sont comptés sur les doigts de la main : entre 100 et 200, d’après des participants. « Ce qui m’a surpris et déçu, ce n’est pas tant l’affluence au meeting de Bardella, parce que je la pressentais. C’est plutôt l’échec de la contre-manifestation que nous avons essayé de mener », confie François Lapprand, représentant de la FSU et enseignant.

A Montbéliard, comme au niveau national, plusieurs syndicats ont fait de la lutte contre les idées d’extrême droite un thème central dans leurs prises de position. Mais le passage à l’action s’accompagne de gros coups de cafard. « Les militants n’étaient pas tous au rendez-vous [le 22 mars] », reconnaît Jérôme Boussard, responsable de la CGT sur le site de Stellantis de Sochaux-Belchamp. La faute, en partie, à une « intendance » qui n’a pas été optimale pour préparer la mobilisation.

Et puis la concurrence était rude : en début de soirée, le Football Club Sochaux-Montbéliard, une institution dans la région, affrontait l’équipe de Châteauroux au stade Bonal. Pour ne rien arranger, la CFDT était absente du cortège, alors même que son hostilité aux valeurs prônées par la formation de Marine Le Pen est sans équivoque.

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