La pépite française Pasqal et le colosse américain IBM, deux acteurs qui comptent dans l’informatique quantique, ont annoncé un partenariat le 6 juin. Tourné autour du développement de supercalculateur et d’applications pratiques, l’arrangement n’implique pas d’échange de capitaux, ou autre aspect financier.
IBM et Pasqal veulent du concret
En décembre, lors de l’IBM Quantum Summit 2023, la société américaine proclamait le début de l’informatique quantique utile. En mars, lors d’un événement de la Direction Générale de l’Armement, Pasqal a été sélectionné avec 4 autres sociétés françaises pour développer deux calculateurs quantiques sous huit ans. Son cofondateur et président Georges-Olivier Reymond confiait au Monde la multiplication de cas d’usages.
Les réalisations concrètes, prouver l’utilité et les promesses de l’informatique quantique est l’un des piliers de ce nouveau partenariat. « Le supercalculateur centré sur le quantique est l’avenir du calcul à haute performance et le moyen d’obtenir un avantage quantique à court terme en chimie, en science des matériaux et dans d’autres applications scientifiques », explique Jay Gambetta, vice-président d’IBM Quantum.
Les deux entreprises en pointe dans ce domaine émergeant vont développer une approche commune pour un supercalculateur quantique, définir une architecture logicielle d’un tel ordinateur, collaborer sur des formats hybrides, informatiques classique et quantique et s’investir dans le domaine de la chimie et de la science des matériaux. Dans ces deux secteurs se situe le potentiel le plus immédiat.
Cet accent mis sur les applications concrètes n’est pas anodin. Les Qubit, ces bits qui sont à la fois des 0 et des 1 et d’autres variations, sont très compliqués à maintenir en l’état. Au point de soulever des interrogations sur la capacité à atteindre les performances espérées, l’explosion de la puissance de calcul attendue. Pasqal et IBM par leurs projets respectifs et ce partenariat pourrait battre en brèche ce pessimisme.
La start-up française a été fondée en 2019 par cinq personnalités issues de l’Institut d’Optique, Georges-Oliver Reymond donc, Christophe Jurzak, Alain Aspect, prix Nobel de Physique de 2022, Antoine Browaeys et Thierry Lahaye. Elle a déjà levé 100 millions d’euros début 2023 et est fréquemment mise en avant par le gouvernement dans le cadre de sa stratégie quantique.
En 2024, la jeune société semble se tourner résolument vers l’international et les partenariats. En février un accord a été signé avec l’Institut avancé des sciences et technologie de Corée. Plus récemment, c’est avec le géant pétrolier Aramco que Pasqal a topé, rappelle l’Usine Digitale. Retour en France, où c’est avec une autre pépite française, Welinq, que des projets communs ont été annoncés.
Aujourd’hui, c’est au tour d’IBM, « Nous sommes impatients d’unir nos efforts pour atteindre un objectif très ambitieux : commencer à établir les meilleures pratiques commerciales pour le supercalculateur centré sur le quantique », s’est réjoui Georges-Olivier Reymond. Les deux entreprises envisagent de parrainer un forum technique en Allemagne à une date indéterminée avec comme projet d’aller vers d’autres régions ensuite.
