En Nouvelle-Calédonie, malaise autour de l’agression présumée d’un policier

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Samedi 1er juin, dans le quartier de Tuband, dans le sud de Nouméa, le couperet du couvre-feu est tombé depuis un bon moment. Une altercation éclate entre un groupe des « voisins vigilants », ces habitants qui ont dressé des barricades après le début des émeutes en Nouvelle-Calédonie, et un jeune policier qui tente de franchir l’une d’elles pour se rendre chez son grand-père, une fois son service terminé.

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A partir de là, les versions divergent. Selon les informations de la chaîne NC 1ère, le policier en civil aurait été passé à tabac, ce qui l’aurait poussé à porter plainte. Le reportage diffusé par la chaîne publique a toutefois suscité une vive réaction du groupe Loyalistes et du Rassemblement-LR qui, dans un communiqué le 5 juin, expliquent que « le policier a volontairement insulté les “voisins vigilants”, tentant délibérément de leur tendre un piège ». Ils insistent sur leur « retenue » et leur « sang-froid », le « ceinturant » simplement dans l’attente de la police.

L’évocation de la présence sur les lieux de Gil Brial, le deuxième vice-président (Loyalistes) de la province Sud, a indigné les deux partis non indépendantistes. Dans leur communiqué, ils accusent la chaîne de télévision de « cibl[er] particulièrement Gil Brial » et de « couvrir les erreurs des policiers indépendantistes ».

« Ils n’ont plus d’humanité »

Il reviendra à la justice de démêler les fils de cette histoire, après la décision du procureur de la République d’ouvrir une enquête mercredi 5 juin. Mais elle illustre le malaise entourant ces groupes de « voisins » qui, face à l’incapacité de l’État à rétablir l’ordre, se sont regroupés au nom d’une « légitime défense » pour protéger leurs familles et leurs maisons. Rapidement après les débuts de l’insurrection le 13 mai, des barricades gardées 24 heures sur 24 ont été érigées dans toute l’agglomération nouméenne, filtrant la circulation la journée et l’interdisant à la nuit tombée. Pacifiques dans leur immense majorité, certains participants affichent une radicalité qui pousse parfois d’autres membres à les quitter et suscite de nombreuses tensions. Sans parler de la présence avérée d’armes à feu en ces lieux.

Dans des groupes privés qui ont fleuri sur les réseaux sociaux, il arrive que les Kanak soient assimilés à des « animaux » ou désignés comme des « cafards » ou plus sobrement des « k ».

« Il y a des voisins qui ne sont pas si vigilants que ça », témoigne une femme qui affirme avoir été agressée à une barricade après avoir déposé ses enfants chez son ancien conjoint. Encore choquée, elle raconte avoir été violemment insultée et menacée alors qu’elle sortait de son service de soignante à l’hôpital, particulièrement éreintant depuis trois semaines. Pour elle, « certains deviennent complètement parano. Ils n’ont plus d’humanité ». C’est seulement grâce à l’intervention d’un « gentil monsieur et d’un enfant » qu’elle a pu poursuivre sa route, en pleurs.

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