« Le rejet de l’ANC est aussi la conséquence de ses promesses non tenues »

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Les élections générales du 29 mai en Afrique du Sud ont été déclarées « free and fair » (« libres et justes »), par la Commission électorale indépendante, malgré la contestation des résultats par des partis d’opposition. Nous n’en attendions pas moins. Au lendemain du scrutin législatif (tenu lors des élections générales et provinciales), cette annonce nous montre que, quelles que soient les crises que peut traverser le pays, le peuple sud-africain dans son ensemble tient à la bonne tenue des processus électoraux. La démocratie sud-africaine, que l’on pouvait décrire encore récemment comme « adolescente », est donc désormais entrée dans une phase adulte, à la suite de la normalisation du contexte politique.

Conformément aux « prédictions » des instituts de sondage, des centres de recherche universitaires et de la presse sud-africaine libre, les élections ont vu le Congrès national africain [ANC, parti de centre gauche présidé par Nelson Mandela dans les années 1990] perdre sa majorité absolue. Alors qu’il totalisait 57 % des voix en 2019 (soit 230 sièges), il a, cette fois, rassemblé 40,2 % des voix (soit 159 sièges). Tenant pour certaine sa toute-puissance politique, l’ANC a ainsi été sommé de rendre des comptes sur ses défaillances. Privé de 71 sièges à l’Assemblée nationale, le parti n’a aujourd’hui pas d’autre choix que de négocier, s’il veut parvenir à créer une coalition cohérente pour une Afrique du Sud démocratique et stable. Les 58,64 % des électeurs qui se sont déplacés pour ce scrutin ont ainsi bouleversé le paysage politique sud-africain.

Il est indéniable que le nouveau parti politique de l’ancien président de la République Jacob Zuma [2009-2018], le parti Umkhonto we Sizwe [MK, « le fer de lance de la nation »], est en partie responsable de ce revers. Créé à la fin de l’année 2023, à la suite de la défection de Zuma de l’ANC, le MK est désormais la troisième force politique du pays, avec 14,58 % des voix, devançant ainsi le parti de Julius Malema, Economic Freedom Fighters, qui, à la surprise générale, n’a obtenu que 9,52 % des voix. Mais la montée en puissance du mouvement politique de Jacob Zuma ne peut constituer la seule grille d’analyse de cet échec.

Corruption systémique

Des causes profondes sont à l’œuvre : le rejet de l’ANC au profit du MK est aussi la conséquence des promesses non tenues du premier, celles de faire advenir une Afrique du Sud socialement juste, respectueuse et promotrice du droit au développement, inscrit dans l’article 22 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples [1981], dont l’Afrique du Sud est signataire depuis 1996.

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