« La solution de compromis la plus raisonnable est l’indépendance en partenariat »

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Il y a plus de dix ans, le 11 octobre 2013, un rapport officiel, intitulé « Réflexions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie », était remis au premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault. Ses auteurs, le conseiller d’Etat Jean Courtial et le juriste Ferdinand Mélin-Soucramanien, distinguaient quatre sorties possibles de l’accord de Nouméa (1998-2021) : l’autonomie pérennisée, l’autonomie étendue, la pleine souveraineté avec partenariat et la pleine souveraineté sans partenariat. Chaque option était explorée et les problèmes politiques, sociaux et juridiques susceptibles de surgir étaient examinés en détail.

Il ne fait guère de doute, à la lecture du rapport, que la solution de compromis la plus raisonnable est la pleine souveraineté avec partenariat. Cette voie permet au peuple kanak de retrouver sa souveraineté aliénée par la colonisation depuis la prise de possession de l’archipel par la France en 1853. Or, les événements récents le prouvent, les Kanak ne renonceront jamais à cette revendication. Simultanément, le lien avec la France n’est pas rompu mais profondément renouvelé, car désormais fondé sur l’égalité et le respect, et non plus sur des rapports de domination qui trouvent leurs racines dans la période coloniale.

Afin qu’aucun habitant ne se sente abandonné, des relations étroites et durables demeurent entre les deux Etats souverains, comme la double nationalité pour les gens qui le souhaitent. La France continue de fournir des services publics de qualité (des médecins, des professeurs, des magistrats), en échange de l’exercice de certaines compétences régaliennes que la Nouvelle-Calédonie décide librement de lui confier, par exemple la défense ou la monnaie. Ce partenariat peut être gravé dans le marbre des Constitutions des deux pays. Si l’on fait preuve d’intelligence, d’imagination et de volonté politique, tout peut être discuté et inventé.

Forme de décolonisation achevée

Des modèles politiques analogues existent déjà ailleurs : Monaco avec la France, le Liechtenstein avec la Suisse ou, plus près de la Nouvelle-Calédonie, les Etats fédérés de Micronésie avec les Etats-Unis. Face aux velléités expansionnistes de la Chine dans cette région du monde, une indépendance en partenariat privilégié avec la France serait probablement pour l’archipel la meilleure garantie de ne pas tomber dans l’escarcelle chinoise : la stratégie Indo-Pacifique d’Emmanuel Macron pourrait alors se déployer dans un contexte apaisé. A l’inverse de ce qui est en train de se produire sous nos yeux, où la France est désormais pointée du doigt, à l’échelle régionale et internationale, comme une puissance coloniale d’un autre temps.

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