Proxima déniche 1 milliard d’euros pour concurrencer la SNCF

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Depuis décembre 2020, et l’ouverture du rail français à la concurrence, la SNCF a vu arriver plusieurs transporteurs rivaux : la compagnie publique espagnole Renfe – sur les lignes Barcelone-Lyon et Madrid-Marseille – et son homologue italien Trenitalia – sur l’axe Paris-Lyon, l’un des plus rentables. La Renfe doit également se lancer sur la ligne Paris-Lyon-Marseille cette année.

Récemment, d’autres ont essayé de faire leur entrée mais se sont cassé les dents : Railcoop et Midnight Trains. Liquidée le 27 mars dernier, Railcoop voulait relancer la ligne Lyon-Bordeaux, délaissée depuis 2014 par la SNCF faute de rentabilité. Cette ligne desservait Périgueux, Limoges, Guéret, Montluçon et Roanne. Financée par des particuliers et les collectivités traversées, « la structure juridique de Railcoop n’était pas adaptée pour attirer des capitaux suffisants », estime Jean-François Boisseleau, conseiller ferroviaire pour le président du département du Lot. De son côté, Midnight Trains a renoncé, le 1er juin, à son projet de trains de nuit entre Paris et Venise via Milan, faute de financement suffisant.

Trois nouveaux entrants dans le secteur TGV

D’autres croient toujours pouvoir se tailler une part du gâteau sur le sol français. L’entreprise Le Train a commandé dix trains à grande vitesse au constructeur espagnol Talgo pour environ 300 millions d’euros. Les premiers trajets relieront « Bordeaux-Nantes, Bordeaux-Rennes, avec des dessertes de villes intermédiaires, comme Tours, Angoulême, Angers, et des prolongements sur Arcachon et l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Cela donne énormément de possibilités, une cinquantaine de liaisons par jour, car chaque train pourra faire de quatre à cinq allers-retours par jour », a précisé à l’AFP le directeur général Alain Getraud.

C’est aussi le cas de la société Kevin Speed qui souhaite proposer des TGV low cost sur les lignes directes Paris-Lille et Paris-Strasbourg, et sur la ligne Paris-Lyon en desservant toutes les gares intermédiaires. Cela à partir de fin 2028.

Mais le plus gros projet est porté par Proxima qui veut se lancer sur quatre lignes TGV au départ de Paris-Montparnasse allant vers Rennes, Nantes, Angers et Bordeaux. Au total, le nouveau venu compte ajouter 10 millions de places supplémentaires par an sur ces destinations. L’actionnaire à 100 %, le français Antin Infrastructure Partners, et un consortium de banques françaises et étrangères apporteront 1 milliard d’euros.

À LIRE AUSSI La SNCF augmente son offre de trains lents et moins chers « Les nouveaux modes de vie font qu’on peut habiter Bordeaux et travailler à Paris, et avoir un frère à Rennes et une sœur à Angers. Ce qui rend possible la connexion entre ces personnes, c’est qu’on peut faire le trajet entre ces villes en moins de deux heures », a expliqué la fondatrice de Proxima, Rachel Picard, sur France Inter. La côte atlantique est « un des lieux où il y a le plus de demandes, avec une dynamique démographique et touristique très forte, et il y a des lignes à grande vitesse assez neuves », a-t-elle ajouté.

« Ni low cost ni haut de gamme »

Proxima alignera 12 rames du modèle dernière génération d’Alstom, Avelia horizon, à deux étages, fabriqué dans les usines de Belfort et de La Rochelle. Le premier train effectuera des essais à grande vitesse début 2027. La SNCF doit également en acquérir 115 exemplaires, pour un total de 3,5 milliards d’euros. La maintenance sera également assurée par Alstom, sur un site à proximité de Bordeaux. Chacun transportera plus de 600 passagers.

Côté expertise, Antin lui-même a déjà des expériences en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne, aux États-Unis. Surtout, le projet est piloté par Rachel Picard et Tim Jackson. Ancienne de la SNCF où elle a passé quinze ans, Rachel Picard a été responsable des TGV, des gares et de l’ex-site de réservation voyages.sncf.com. Tim Jackson est un ancien de la RATP, qui a piloté, pour la Régie des transports franciliens, des projets en Grande-Bretagne et en Irlande.

Et côté prix ? Ce sera un TGV « ni low cost ni haut de gamme qui proposera des tarifs adaptés à chacun, pour aller chercher une clientèle très large », a expliqué sur France Inter Rachel Picard qui a ajouté : « Si vous rajoutez de la capacité à l’offre déjà existante, vous faites mécaniquement baisser les prix. » On croise les doigts pour qu’elle dise vrai.


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