A force de multiplier les revers, le parti Les Républicains (LR) a appris la prudence avant une soirée électorale. Avec un résultat de 7,2 % pour la liste emmenée par François-Xavier Bellamy, selon les estimations de l’institut Ipsos pour France Télévisions, Radio France, France 24/RFI, Public Sénat/LCP-Assemblée nationale, la droite sauve l’essentiel : un groupe au Parlement européen avec un score supérieur à 5 %.
Le candidat de LR pouvait confirmer la bonne nouvelle dès 19 heures à Manfred Weber, président d’un groupe PPE (Parti populaire européen) inquiet de la situation de son allié français. Malgré une alerte incendie peu avant, l’ambiance était plutôt à la détente du côté du nouveau siège parisien des Républicains, place du Palais-Bourbon. Les élus étaient rares et les jeunes militants, entassés dans la petite salle de presse, ont applaudi poliment l’annonce du score de leur liste.
Le résultat est certes modeste, mais « le point de départ n’était pas le même qu’en 2019 », confiait M. Bellamy, quatre jours plus tôt, avant son dernier meeting au Cannet (Alpes-Maritimes). « La référence, c’est le score de Valérie Pécresse à la présidentielle (4,78 %) », avançait récemment Eric Ciotti. Une façon pour le président de LR de ne pas assigner un objectif insurmontable à son candidat, mais aussi de se prémunir du scénario de 2019, quand Laurent Wauquiez avait été contraint à la démission après les 8,48 % réalisés par la liste Bellamy, déjà. Une catastrophe industrielle à l’époque.
Méfiant, M. Ciotti a longtemps cherché une alternative au professeur de philosophie de 38 ans perçu comme trop conservateur, mais les lettres de motivation ne sont jamais arrivées. Plus ou moins reconduit par défaut, le candidat Bellamy a retenu les leçons de 2019, avec une campagne de terrain et de médias plutôt que de prêcher des convaincus dans un interminable enchaînement de meetings. Dans les dernières semaines, il a même réussi à marquer les esprits avec quelques interventions saignantes pour dénoncer la « mise en scène » voulue par Emmanuel Macron d’un duel entre lui et le Rassemblement national. Les détracteurs du président de la République ont applaudi, mais l’effet de ces « coups » (comme son intervention devant les grilles de Sciences Po pendant une manifestation d’étudiants propalestiniens, le 7 mai) est resté imperceptible.
Couteaux rangés
Pendant toute la campagne, les intentions ont formé pour la liste LR comme une mer d’huile avec des scores entre 6 % et 7 % selon les enquêtes électorales Ipsos pour Le Monde. « Entre un Rassemblement national aussi haut et un Emmanuel Macron très présent dans cette campagne, Bellamy a réussi à ce que Les Républicains ne soient pas invisibilisés, et c’est à mettre à son crédit », observe le député LR de la Manche, Philippe Gosselin. « On ne fanfaronne pas, mais on nous promettait de finir à moins de 5 % et derrière Reconquête ! », rappelle Othman Nasrou, directeur de la campagne.
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