La défense de l’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara a plaidé son acquittement, lundi 10 juin, au procès historique du massacre du 28 septembre 2009, assurant qu’il était étranger au bain de sang et avait tout fait pour l’empêcher.
« Le capitaine Dadis n’a rien à voir avec la commission des infractions commises au stade du 28-Septembre », a déclaré Me Almamy Samory Traoré devant la cour qui juge son client et onze autres responsables gouvernementaux et militaires depuis 2022.
Ils répondent d’une litanie d’assassinats, d’actes de torture, de viols, d’enlèvements et séquestrations, d’incendies et de pillages commis en masse le 28 septembre 2009 et les jours suivants. « Je vous prie de bien vouloir acquitter le capitaine Dadis, il doit rentrer chez lui, il n’a rien fait », a déclaré Me Traoré dans une plaidoirie retransmise en direct à la radio et à la télévision comme l’ensemble de ce procès-fleuve suivi par tout un pays.
Le procureur avait requis fin mai la réclusion criminelle à perpétuité contre Moussa Dadis Camara et six autres accusés, ainsi que la requalification des faits en crimes contre l’humanité.
Des chiffres probablement plus élevés
Au moins 156 personnes ont été tuées, par balle, au couteau, à la machette ou à la baïonnette, et des centaines blessées dans la répression d’un rassemblement de l’opposition dans un stade de Conakry et ses environs, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU. Au moins 109 femmes ont été violées.
Les chiffres réels sont probablement plus élevés. C’est l’une des pages les plus sombres de l’histoire moderne de la Guinée, qui n’en manque pas. Moussa Dadis Camara a toujours argué avoir été dépassé par ses subalternes et a décliné toute responsabilité.
« Les événements du 28 septembre ont été un accident de parcours qui a été fait pour souiller » l’image de Moussa Dadis Camara, a affirmé Me Traoré. « Le président Dadis a tout fait pour ne pas que cela arrive », a-t-il ajouté. Le procureur avait refusé toute circonstance atténuante aux accusés en invoquant leur absence de regrets.
La défense s’est inscrite en faux et a assuré au contraire que l’ancien dictateur avait exprimé sa compassion à plusieurs reprises lors de ses auditions. Me Traoré a mis en garde contre « le piège que constitue l’opinion publique », selon lui. « Ce n’est pas la justice qui est recherchée par ces parties civiles, ce qui est recherché, c’est la condamnation d’un ancien chef d’Etat », a-t-il souligné.