Les avocats du colonel Kassoum Goïta, ancien putschiste et ex-chef de la sécurité d’Etat, aujourd’hui emprisonné, ont donné l’alerte lundi 10 juin sur sa disparition après son extraction de sa cellule à Bamako il y a dix jours. « A ce jour, [ses] conseils ainsi que sa famille n’ont reçu aucune information le concernant et n’ont pu avoir aucun contact, ni direct ni indirect, avec lui », précise dans un communiqué le collectif d’avocats qui le défend.
Le colonel Kassoum Goïta a fait l’objet d’un « enlèvement » dans sa cellule par des « éléments étrangers au système judiciaire » le 31 mai, soulignent-ils. Kassoum Goïta faisait partie du groupe de colonels qui ont renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août 2020. Son homonyme, le colonel Assimi Goïta, est toujours à la tête de ce pays plongé dans la tourmente sécuritaire et politique depuis 2012.
Kassoum Goïta avait ensuite pris la tête de la direction de la sécurité d’Etat sous le président Bah N’Daw, installé par la junte après le putsch de 2020. Les colonels ont évincé Bah N’Daw lors d’un deuxième coup d’Etat en mai 2021 et ont consolidé un pouvoir qu’ils exercent désormais sans partage.
Tentative présumée de coup d’Etat
Kassoum Goïta et cinq autres hommes, dont l’ancien secrétaire général de la présidence sous Bah N’Daw, ont été arrêtés et détenus au secret en septembre et octobre 2021. Ils ont été torturés pendant leur détention, a dénoncé Human Rights Watch. L’appareil judiciaire n’avait indiqué qu’en novembre 2021 qu’ils étaient mis en cause pour tentative présumée de coup d’Etat.
De nombreuses personnes ont été emmenées par des inconnus depuis 2020 et maintenues au secret plusieurs jours au moins avant d’être présentées à la justice ou éventuellement relâchées.
Le collectif des avocats de Kassoum Goïta et ses coaccusés indiquent qu’ils sont détenus depuis 2021 dans un camp de gendarmerie « dans des conditions drastiques, enfermés vingt-quatre heures sur vingt-quatre, assimilables à des conditions inhumaines ». Ils attendent leur procès depuis leur renvoi devant une cour d’assises en janvier 2023, précise le collectif. Ils « clament leur innocence et réclament leur jugement », précise le communiqué.
Les autorités maliennes avaient fait état en mai 2022 d’une autre tentative de coup d’Etat, déjoué selon elles et passé lui aussi totalement inaperçu.