la participation et les tractations entre partis, enjeux centraux du premier tour

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Les élections législatives anticipées convoquées par Emmanuel Macron après la lourde défaite de son camp aux élections européennes, dimanche 9 juin, donnent lieu à une campagne accélérée dans une configuration inédite.

Pour la première fois depuis 2002 et le passage au quinquennat, les élections législatives ne suivent pas immédiatement l’élection présidentielle. Les règles particulières de ce scrutin destiné à élire les membres de l’Assemblée nationale ajoutent à son caractère imprévisible.

Contrairement aux européennes, la désignation des députés français ne se fait pas à la proportionnelle, mais par scrutin uninominal majoritaire à deux tours, dans 577 circonscriptions. Et les critères à satisfaire pour atteindre le second tour sont plus sévères qu’aux municipales ou aux régionales, ce qui donne une importance toute particulière aux actuelles négociations entre les principales formations politiques.

Des seuils de qualification au second tour élevés

Le niveau de participation aux législatives est central à plusieurs niveaux. Au premier tour, un candidat peut être élu s’il parvient à réunir plus de 50 % des suffrages exprimés représentant au moins 25 % des électeurs inscrits sur les listes électorales. Seuls cinq candidats ont réussi à atteindre ce double seuil en 2022.

Dans les autres cas, un second tour est organisé. Les deux candidats arrivés en tête du premier tour sont automatiquement qualifiés, quel que soit le niveau de participation ou le nombre de voix par rapport au nombre d’électeurs inscrits.

Un troisième – voire un quatrième – prétendant peut être présent au second tour : on parle de « triangulaires » et de « quadrangulaires », mais à une condition, directement liée au niveau de participation : les voix qu’il a recueillies doivent représenter 12,5 % des électeurs inscrits. Ce seuil peut paraître faible, mais il est souvent prohibitif en pratique, du fait de la faible participation aux récentes législatives.

En moyenne, lors des législatives 2022, 52,5 % des électeurs ne sont pas allés voter et 1 % des électeurs ont voté blanc ou nul. Ne restaient donc que 46,5 % de suffrages exprimés. Dans cette configuration, un candidat en troisième position du scrutin devrait obtenir 26,9 % des suffrages exprimés pour se qualifier au second tour, une barre quasi inatteignable. De fait, il n’y a eu que huit triangulaires en 2022, contre une seule en 2017. Dans les circonscriptions où la participation n’atteint pas 37,5 % de suffrages exprimés, une triangulaire est mathématiquement impossible.

Des règles déterminantes pour la dynamique du scrutin

Ces règles favorisent mécaniquement la structuration de la vie politique autour de deux blocs. Election après élection, la plupart des duels de second tour opposaient deux camps, le vainqueur réunissant une majorité parlementaire, le perdant devenant la principale force d’opposition. Seule exception : les législatives de 2022, qui ont débouché sur un Parlement sans majorité absolue.

Le Monde

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L’extrême droite a longtemps été perdante à ce jeu. Si Marine Le Pen était arrivée troisième de la présidentielle de 2012, avec 17,9 % des suffrages exprimés, son parti n’avait ainsi qualifié que 59 candidats au second tour des législatives qui ont suivi, dont 28 triangulaires. En 2022, alors que la candidate du Rassemblement national (RN) avait obtenu 41,5 % des voix au second tour, 208 candidats RN étaient présents au second tour (89 ont été élus).

Mais le score de 31,4 % décroché par la liste conduite par Jordan Bardella aux élections européennes du 9 juin laisse entrevoir une configuration plus favorable au parti d’extrême droite le 30 juin. Il dispose en tout cas d’une marge considérable vis-à-vis de ses concurrents : 14,6 % pour la liste de Renaissance de Valérie Hayer, 13,8 % pour celle du Parti socialiste-Place publique de Raphaël Glucksmann.

Chaque bloc politique a donc intérêt à partir uni au premier tour des législatives. Alors que la gauche s’est présentée en ordre dispersé aux européennes, les écologistes, socialistes, « insoumis » et communistes ont jeté les bases de la « constitution d’un nouveau front populaire » lundi 10 juin. Le président du parti Les Républicains, Eric Ciotti, a annoncé mardi un accord avec le Rassemblement national, qui suscite une crise majeure au sein de la droite.

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