Un macroniste déçu par un monde « trop parisien »
A 64 ans, Joël Giraud quitte la politique avec fracas. Dans la foulée de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le 9 juin, le député (Renaissance) de la deuxième circonscription des Hautes-Alpes a annoncé qu’il ne se représenterait pas. Dans le Dauphiné libéré, l’élu a critiqué un gouvernement « trop à droite et trop parisien », marqué par « un désamour assumé de la province, de la ruralité et des électeurs sociaux-démocrates ». « Ce monde n’est désormais plus le mien », a fustigé celui qui prévoit « l’annonce d’un gouvernement de cohabitation entre le président de la République et l’extrême droite ». Dès 2015, Joël Giraud, autoproclamé « œcuménique en politique », avait pourtant été séduit par Emmanuel Macron. Il voyait alors en lui « le meilleur rempart contre la mère Le Pen ».
Un élu du terroir connu pour son franc-parler
Né à Gap, dans les Hautes-Alpes, ce fils de deux principaux de collège obtient son diplôme de l’École nationale supérieure des postes et des télécommunications, avant d’intégrer l’ENA par un concours interne. Le haut fonctionnaire devient conseiller municipal dès 1986, puis maire, à partir de 1989, de L’Argentière-la-Bessée, un bourg montagnard au bord du parc des Ecrins, dont son père a longtemps été l’édile. Membre du Parti radical de gauche (PRG), Joël Giraud devient député en 2002, tout en restant maire jusqu’en 2017. En tant que vice-président au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, il s’occupe des questions liées au massif alpin. Sur les bancs de l’Assemblée nationale, ce bon vivant connu pour son franc-parler, défend les trains de nuit, les services publics et la ruralité.
Une figure de l’aile gauche de LRM
Ce fils et petit-fils de communistes est réélu dans sa circonscription en 2017 sous les étiquettes PRG et LRM. Devenu rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, le député n’hésite pas à faire entendre sa voix dissonante. Il fustige les technocrates de Bercy et la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune, milite pour une taxe sur les yachts – qui sera un échec. S’il se montre aussi très critique de la hausse de la CSG et de ses conséquences notamment sur les retraités, cet admirateur d’Angela Merkel – surtout pour sa gestion de la crise des migrants – n’a rien d’un frondeur. Son profil, pas vraiment « start-up nation », permet alors à la Macronie de montrer qu’elle marche aussi sur sa jambe gauche.
Un éphémère ministre des champs
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