les défenseurs de l’environnement alarmés par la possible arrivée du RN au pouvoir

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Dimanche 9 juin, après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, une boucle WhatsApp de coordination réunissant des dizaines d’activistes venus de différentes organisations, telles que Les Amis de la Terre, #NousToutes et d’autres collectifs, a soudain changé de nom : « Pas de RN aux européennes » est devenu « Pas de RN à Matignon »… Un signe que le danger venait de changer de nature.

Dès le début de cette période à l’issue aléatoire, les militants du climat, les acteurs des énergies renouvelables, les scientifiques ont vu un scénario noir se dessiner : et si l’extrême droite, en campagne depuis des mois contre une prétendue « écologie punitive » imposée par Bruxelles, arrivait au pouvoir en France ? « Quand on a suivi les résultats des élections, nous n’étions pas heureux mais pas non plus étonnés. Puis, quand on a entendu l’annonce de la dissolution, nous avons été stupéfaits », relate Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace, rejoint par le paléoclimatologue Jean Jouzel : « Je suis secoué, effrayé, abattu. »

Habituées à subir les soubresauts de l’exécutif, les différentes sphères de la cause environnementale ont d’abord recensé toutes les mesures mises à l’arrêt par cette crise politique. Le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC), décalé depuis des semaines, ne sera pas révélé tout de suite puisqu’une nouvelle période de réserve s’est ouverte, lundi, avec le début de la campagne des élections législatives.

Temps suspendu

La stratégie nationale bas carbone (SNBC), qui devait être dévoilée jeudi 13 juin, attendra. Et une énième concertation sur le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ne peut plus être lancée. Pendant plusieurs semaines encore, la France devra donc se passer de feuilles de route énergétique et climatique. « Techniquement, on peut essayer de tout faire en juillet, mais bon il faut déjà voir où on en sera tous à ce moment-là », glisse un conseiller de l’exécutif.

Ce temps suspendu provoque de multiples conséquences. « Cette situation est grave car elle crée de l’incertitude, analyse Jules Nyssen, le président du syndicat des énergies renouvelables. Le gouvernement a pris, par exemple, des engagements oraux sur le développement de l’éolien en mer mais il n’est pas possible de lancer un appel d’offres de 10 gigawatts [l’équivalent de la puissance de 10 réacteurs nucléaires] d’ici à la fin de l’année sans PPE. » Fin avril, la Commission européenne a pourtant enjoint la France de « clarifier » les mesures qu’elle entendait prendre pour respecter ses engagements en termes de déploiement des énergies renouvelables d’ici à 2030.

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