« Protection des valeurs républicaines », « autorité », « laïcité », « sérieux budgétaire » et… temps d’écran. Aux côtés d’axes politiques larges, Emmanuel Macron a remis sur le devant de la scène, mercredi 12 juin lors d’une conférence de presse-fleuve, la question des rapports des plus jeunes aux outils numériques, et plus particulièrement l’accès des enfants et adolescents aux smartphones. « L’addiction aux écrans est le terreau de toutes les difficultés : harcèlement, violence, décrochage scolaire », a déclaré le président de la République, qui a dit vouloir mettre en place une interdiction des téléphones portables pour les enfants « avant 11 ans » et des réseaux sociaux « avant 15 ans ».
Une proposition qui peut surprendre, dans le contexte des législatives à venir, mais qui n’est pas nouvelle. Le sujet intéresse personnellement Emmanuel et Brigitte Macron depuis des années et, en 2023, le gouvernement a déjà fait adopter une loi interdisant l’inscription des mineurs de moins de quinze ans sur les réseaux sociaux, sauf accord d’un des parents.
Des propositions issues d’un rapport
Mais les décrets d’application, indispensables pour la mise en place de la mesure, n’ont pas encore été publiés. Et entre-temps, la Commission européenne a contesté : en août, le commissaire européen Thierry Breton a estimé que le gouvernement français s’arrogeait des prérogatives étant du ressort de l’Union européenne. L’établissement d’une « Europe de la majorité numérique à 15 ans » figurait d’ailleurs dans le programme de Renaissance pour les élections européennes.
L’interdiction des téléphones aux mineurs de moins de 11 ans, elle, est toutefois une nouvelle proposition de mesure, même si elle correspond à des propositions déjà évoquées par des experts et militants anti-écrans. Le rapport de synthèse d’un groupe d’experts mis en place à la demande du président de la République, et qui a remis ses conclusions fin avril, conseillait notamment d’éviter de confier un smartphone aux enfants avant cet âge. Il proposait aussi d’autoriser des téléphones sans accès à Internet entre 11 et 13 ans, et de ne donner accès aux réseaux sociaux qu’à partir de 15 ans.
En revanche, le rapport se focalisait principalement sur les conséquences en matière de sommeil, de sédentarité ou de surpoids. Sans nier le rôle des réseaux sociaux et messageries dans le harcèlement scolaire, le texte précisait que « les expériences numériques ne sauraient jamais, à elles seules, expliquer des faits graves de violence » et recommandait surtout une « vigilance » accrue.
Il vous reste 44.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.