« Je représente Les Républicains. » Dès la première minute de l’audience visant à se prononcer sur la possibilité pour le bureau politique de suspendre celui qui était jusqu’alors président du parti, Eric Ciotti, deux voix s’élèvent dans la salle du tribunal judiciaire de Paris, vendredi 14 juin, résumant le cœur de la bataille judiciaire.
« Il va falloir vous mettre d’accord, maîtres », rétorque la présidente du tribunal, Maïté Grison-Pascail. Les deux avocats – Philippe Torre, représentant des Républicains mandaté par Eric Ciotti, et Benoît Verger, avocat historique des Républicains, mandaté par le bureau politique, M. Bellamy et Mme Genevard – entament des échanges vifs… sans trouver un terrain d’entente.
Après l’intervention de représentants du bâtonnier, il est finalement décidé de ne pas décider. Tous deux pourront plaider, au nom du parti Les Républicains, deux positions diamétralement opposées. L’enjeu de cette audience en référé n’est pas de trancher sur le fond : il n’est pas question de déclarer qui est le président légitime du parti de droite. Il est en revanche de s’exprimer en urgence – les candidatures aux législatives doivent être déposées d’ici à dimanche 16 juin en préfecture – sur la possibilité pour M. Ciotti, absent lors de l’audience, d’accéder aux bureaux du parti, mais aussi aux fichiers d’adhérents ou encore de prendre les décisions d’investiture pour les jours à venir.
Mesures conservatoires
« Je n’ai jamais plaidé un dossier où il y a eu autant d’irrégularités en vingt-quatre heures ! », s’est exclamé Me Philippe Prigent, avocat d’Eric Ciotti, premier à prendre la parole. « Les statuts prévoient que la demande de sanction soit inscrite par le président. A-t-il demandé sa propre exclusion ? Il ne me semble pas », a-t-il poursuivi, insistant sur l’importance de juger « selon le droit et [non] la politique ». Il a demandé que des mesures conservatoires soient prises, afin que M. Ciotti puisse « se déplacer librement au siège » du parti : « C’est un homme d’un mètre soixante, de soixante ans, qui n’a pas envie de se faire casser la figure. »
Me Philippe Torre, représentant des Républicains choisi par Eric Ciotti, a pris la suite. « J’ai été mandaté en tant que spécialiste du droit des sociétés, des associations et de la transmission d’entreprise », explique celui qui est également candidat à la députation dans la 3e circonscription de l’Aisne, soutenu par le Rassemblement national. Souscrivant à la plaidoirie de son confrère, il a ajouté qu’« aucune disposition statutaire ne permettait à un bureau politique de désigner une personne comme président par intérim ». Notant la nomination vendredi matin d’Annie Genevard à ce poste lors du bureau politique, il a ajouté que les statuts du parti ne prévoyaient que la nomination d’un vice-président délégué. « Or personne n’a été désigné par M. Ciotti », a-t-il affirmé.
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