Le Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a annoncé, dimanche 16 juin, sa décision de rouvrir lundi en journée l’aéroport international de Nouméa et « de repousser à 20 heures le début du couvre-feu », contre 18 heures jusque-là.
L’aéroport était fermé depuis le 14 mai en raison des fortes tensions qui ont secoué l’archipel du Pacifique Sud, nées de la contestation d’une loi pour un dégel électoral. Les violences ont fait neuf morts et de très importants dégâts.
Le Haut-Commissariat explique que la décision de rouvrir l’aéroport a été prise en raison de « la circulation en journée (…) rendue possible sur la RT1 », une double voie express reliant le centre de Nouméa à l’aéroport international de La Tontouta, et longtemps inaccessible à cause des nombreux barrages installés par les manifestants indépendantistes.
Des gendarmes procèdent régulièrement depuis une semaine au déblaiement de la route, s’assurant que les barrages ne sont pas reconstitués après leur passage. Seuls quelques rares vols, sur dérogation, avaient pu se faire dernièrement, avec des passagers placés sur listes d’attente.
Retour progressif des élèves à l’école
Le représentant de l’Etat français sur le territoire dit aussi repousser de deux heures le début du couvre-feu − qui court jusqu’à 6 heures le lendemain − « au regard de l’amélioration de la situation et afin de faciliter le retour progressif à la vie normale ».
Le couvre-feu a été instauré le 14 mai, puis l’état d’urgence le 15 mai, ce dernier ayant été levé le 28 mai. « L’interdiction de la vente d’alcool (exception pour les cavistes), de vente et de transport d’armes est prolongée », a rappelé le Haut-Commissariat.
Lundi, les élèves de primaires, collèges et lycées reprendront progressivement le chemin de l’école, selon les zones et les établissements.
Selon le dernier bilan dimanche, les émeutes ont fait neuf morts, dont deux gendarmes, et « aucun nouveau décès n’est à déplorer », a souligné le Haut-Commissariat, qui fait état de 248 policiers et gendarmes blessés et 1 187 personnes interpellées Au total, ce sont quelque 3 500 effectifs de forces de sécurité qui sont déployés en Nouvelle-Calédonie, où vivent environ 270 000 personnes.
Le projet de loi suspendu par la dissolution
Emmanuel Macron a affirmé, mercredi lors d’une conférence de presse à Paris, « suspendre » le projet de loi constitutionnelle modifiant le corps électoral de Nouvelle-Calédonie à l’origine des émeutes. Le président a dit vouloir « donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l’ordre ».
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Adopté successivement par le Sénat en avril, puis par l’Assemblée nationale le mois dernier, ce texte devait encore être adopté par les deux chambres réunies en Congrès avant le 30 juin. De facto, le chef de l’Etat ne peut convoquer de Congrès depuis la dissolution de l’Assemblée nationale.
Poussé par le camp loyaliste, le texte visait à élargir le corps électoral, gelé depuis 2007, pour les élections provinciales programmées à la fin de l’année en Nouvelle-Calédonie. Le camp indépendantiste s’y est opposé farouchement, estimant qu’il allait marginaliser les électeurs autochtones.
De nombreux bâtiments ont été brûlés, certains magasins ont été pillés. Le haut-commissaire de la République a évalué les dégâts à plus de 1,5 milliard d’euros, pour 570 entreprises totalement ou en quasi-totalité détruites, pour une perte directe estimée à environ 6 000 emplois.