l’assurance-chômage, cette réforme qui irrite tout le monde

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La réforme de l’assurance-chômage devait être un des totems de la politique macronienne cette année, la quatrième depuis l’arrivée au pouvoir du locataire de l’Élysée en 2017. Une mesure magique permettant à la fois de faire des économies et d’inciter les chômeurs à reprendre un emploi. « Une réforme d’activité et de prospérité », comme l’a assuré le Premier ministre Gabriel Attal au printemps. Avec la dissolution, celle-ci risque pourtant de faire long feu…

Rassemblement national (RN) et « Nouveau Front populaire » (NFP) se sont en effet engagés à abroger le décret qui devrait être pris d’ici le 1er juillet (et qui prévoit de réduire la durée d’indemnisation de 18 à 15 mois et de porter de 6 mois sur 24 à 8 mois sur 20 la durée minimale de travail pour ouvrir le droit à l’indemnisation) pour une entrée en vigueur en décembre prochain. « La toute première mesure, je pense que c’est l’abrogation de cette réforme de l’assurance-chômage », a ainsi affirmé le député LFI sortant Éric Coquerel. Tandis que Jordan Bardella, le patron du RN, a déclaré qu’il « en a un peu assez qu’on demande systématiquement des efforts toujours aux mêmes ».

4 à 5,4 milliards d’euros d’économies

Du côté de l’exécutif sortant, l’affaire est plus floue. Emmanuel Macron s’était dit ouvert la semaine dernière à une nouvelle discussion autour des règles de l’assurance-chômage. Une mince ouverture brutalement refermée le lendemain par le Premier ministre Gabriel Attal qui a assuré que le décret serait bel et bien pris d’ici le 1er juillet. Oscillations stratégiques ? Mettre la réforme de côté pourrait peut-être faire gagner quelques voix à gauche, tandis que s’y accrocher permettrait d’aller chasser sur le terrain des Républicains. Même si les économistes ne défendent pas forcément à cor et à cri cette réforme – l’Unédic ayant déjà été bien mise à contribution au niveau des économies – et avancent souvent d’autres pistes d’épargnes (le régime spécifique des intermittents ou des frontaliers, ainsi que la contribution au service public de l’emploi), celle-ci a l’avantage de remplir la case bien vide des économies prévues pour tenir la trajectoire budgétaire.

Une fois ces scénarios de base tracés, l’affaire paraît tout de même plus complexe. Si le RN ou le NFP arrive au pouvoir, les investisseurs risquent en effet d’être fébriles vu les programmes économiques proposés par ces deux forces politiques, et qui ne permettent pas de dessiner une trajectoire de redressement des comptes publics. Au contraire, abroger dans les premiers jours d’une prise de pouvoir la réforme de l’assurance-chômage, qui permettrait d’économiser entre 4 et 5,4 milliards d’euros par an, selon les prévisions de l’Unédic, enverrait immédiatement un signal négatif sur la tenue de nos comptes publics. Résultat, nos taux d’intérêt, qui risquent déjà de s’affoler en cas de victoire du RN ou du NFP, pourraient décoller encore plus haut… De quoi refroidir leurs ardeurs.

Reste pourtant un espoir de voir tomber cette réforme à l’eau pour ses pourfendeurs. Non pas à la suite d’une manifestation massive comme celles qui ont eu lieu pour les retraites, car la défense des chômeurs n’a jamais fait descendre les foules dans la rue. Mais les syndicats ont choisi une autre arme : les recours juridiques. En 2020, la CGT avait ainsi réussi à faire annuler certaines mesures de la réforme de 2019.


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