SWI Swissinfo.ch vient de dresser un bilan critique du partenariat migratoire entre la Suisse et la Tunisie, initié en 2011 pour réguler les flux migratoires et favoriser la formation des jeunes professionnels. Malgré les acclamations initiales, l’accord suscite désormais des interrogations profondes quant à son efficacité et à son impact réel.
C’est ce que vient de dépeindre SWI Swissinfo.ch dans une analyse publiée aujourd’hui, vendredi 5 avril. En effet, en 2011, la Suisse et la Tunisie signaient un protocole d’entente visant à réguler les flux migratoires entre les deux pays et à former de jeunes professionnels. Ce partenariat était salué à l’époque comme une situation « gagnant-gagnant », annonce la même source.
L’objectif initial était double : réguler le flux migratoire des Tunisiens vers la Suisse tout en offrant des opportunités de formation professionnelle pour les jeunes des deux pays.
La Suisse a accepté d’échanger des jeunes professionnels avec des visas à court terme en échange de la réintégration par la Tunisie des demandeurs d’asile rejetés. Entre 2014 et 2023, la Tunisie a réadmis 451 personnes en accord avec la Suisse, tandis que 402 autres sont retournées volontairement dans leur pays d’origine selon des chiffres fournis par le Secrétariat d’État aux Migrations suisse (SEM), rapporte Swissinfo.
Cependant, cette politique de réintégration est loin de faire l’unanimité. Certains militants pour la migration la considèrent comme une « description légale de ce qui est en fait une déportation forcée ».
L’autre volet du partenariat, la formation de jeunes professionnels, peine également à atteindre ses objectifs. Si l’accord prévoit que jusqu’à 150 jeunes professionnels de chaque pays peuvent bénéficier du programme, chaque année, seuls 174 Tunisiens ont participé à des programmes de formation en Suisse entre 2015 et 2023, et une seule personne de Suisse a bénéficié de programmes similaires en Tunisie.
D’ici septembre 2026, le nombre total de jeunes professionnels inscrits au programme sera de 200, dont 150 seront réintégrés dans le marché du travail tunisien.
Malgré les critiques émises quant aux accords de réintégration et au faible nombre de bénéficiaires des programmes d’échange de jeunes professionnels, le SEM a tenu à souligner que « le partenariat migratoire avec la Tunisie fonctionne très bien depuis 2012 », confirmant ainsi son soutien continu à cet accord, conclut Swissinfo.ch.