« Si une nouvelle coalition des forces progressistes est nécessaire, elle ne doit pas se former seulement pour éviter le pire »

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Une « bataille des valeurs », c’est ainsi que le président de la République a présenté, lors de sa conférence de presse du 12 juin, les enjeux des élections législatives à venir. Et la « clarification » qu’il appelle de ses vœux devrait intervenir au terme d’une campagne très courte. Or les campagnes courtes sont plus propices à l’émotion qu’à la réflexion.

En attendant les résultats des législatives, il est d’ores et déjà possible d’appeler l’attention sur deux dangers qui menacent notre consensus démocratique qui, sans discontinuité depuis la fin de la seconde guerre mondiale, a fait du respect des droits humains un impératif et de l’égale dignité de toutes et tous un horizon à concrétiser.

L’angélisme, d’abord, consiste à croire que l’arrivée au pouvoir des forces d’extrême droite ne serait pas si tragique car les garanties de l’Etat de droit pourront toujours nous préserver de leurs élans liberticides. La Constitution offre évidemment une protection, mais serait-elle suffisante ? Il est permis d’en douter, tant il est illusoire de vouloir séparer les institutions de la pratique du pouvoir par les hommes et les femmes qui les dirigent.

Marge de manœuvre

Ainsi, la lecture présidentialiste qui a été faite de nos institutions en a déjà dévoyé l’esprit comme la lettre. Rappelons en outre que la justice constitutionnelle est généralement la cible privilégiée des régimes illibéraux. Or, celle-ci fait déjà l’objet de nombreuses critiques, tant pour sa composition que pour avoir admis la constitutionnalité de la loi portant réforme des retraites, adoptée grâce à l’utilisation de tous les moyens combinés de ce qu’on appelle pudiquement le « parlementarisme rationalisé ».

Et que dire de la protection qu’offrent les conventions internationales des droits humains que la France a souverainement négociées et ratifiées ?

Loin d’être le carcan que les forces populistes décrivent, ces textes offrent une large marge de manœuvre aux Etats pour s’accommoder des principes qu’ils énoncent. Surtout, leur caractère juridiquement contraignant repose sur leur autorité, laquelle commande de respecter les droits qu’ils consacrent et d’exécuter les décisions des organes qu’ils ont institués pour les interpréter. Or, en la matière, les gouvernements successifs se sont déjà affranchis de certaines décisions de la Cour européenne des droits de l’homme, affaiblissant du même coup l’autorité de ces textes et des juridictions qui les appliquent.

Le cynisme, quant à lui, mise sur le fait que l’exercice du pouvoir démonétisera les forces d’extrême droite, révélant leurs contradictions et leur incompétence. Certes, nombre de démocraties, à l’instar de la Pologne, qui ont dérivé vers des régimes plus autoritaires et illibéraux en sont revenues. Mais c’est au prix de la banalisation de l’expression de la haine au sein du corps social, et de la remise en cause profonde de ce qui les tient debout et ensemble.

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