Un mouvement rebelle luttant pour la libération du président nigérien Mohamed Bazoum, renversé par un coup d’Etat en juillet 2023 et détenu depuis, a annoncé avoir mis « hors d’usage » dimanche « un important tronçon » de l’oléoduc acheminant du pétrole brut vers le Bénin.
« Dans la nuit du 16 juin, le Front patriotique de libération (FPL) a mis à exécution sa menace en mettant hors d’usage un important tronçon du pipeline à titre de premier avertissement à la junte de Niamey », indique ce mouvement dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux daté de lundi 17 juin et signé par son président, Mahamoud Sallah.
Cet oléoduc de près de 2 000 km doit acheminer le pétrole de l’Agadem (nord-est nigérien) vers le port de Sèmè-Kpodji au Bénin. Ce pétrole est essentiel pour les économies des deux pays, qui travaillent avec la China National Petroleum Corporation (CNPC) – société pétrolière appartenant à l’Etat chinois – et l’entreprise chinoise Wapco.
M. Sallah affirme qu’il souhaite l’annulation d’un « prêt de 400 millions de dollars (372 millions d’euros) promis aux putschistes de Niamey » par un « partenaire chinois ». « Faute de quoi toutes les installations pétrolifères seront paralysées au cours des prochaines actions », a-t-il insisté. Le FPL a été créé en août 2023 après le renversement du président Mohamed Bazoum par des militaires le 26 juillet, qui le détiennent. Mahamoud Sallah avait alors déclaré avoir pris les armes pour demander « la libération » du président déchu, « le rétablissement de la légalité constitutionnelle » et avait menacé « de faire sauter des installations » notamment « pétrolières » dans l’Agadem.
« Bandits armés »
Le pipeline est également menacé par d’autres violences. Le 12 juin, six soldats nigériens d’une unité chargée de surveiller l’oléoduc ont été tués lors d’une attaque de « bandits armés » dans le sud du pays, selon l’armée nigérienne, la toute première de ce genre contre cette infrastructure.
En outre, les relations entre le Bénin et le Niger, tendues depuis le coup d’Etat, se sont envenimées ces dernières semaines. Après plusieurs mois sous sanctions régionales, le Niger refuse toujours de rouvrir sa frontière avec le Bénin. Le régime militaire accuse son voisin d’abriter « des bases françaises » dans sa partie nord pour « entraîner des terroristes » qui voudraient déstabiliser le Niger, ce que Paris comme Porto-Novo nient.
Or, le président béninois Patrice Talon fait de cette ouverture une condition pour charger le pétrole nigérien destiné à l’exportation.
Lundi, la justice béninoise a condamné à dix-huit mois de prison avec sursis trois ressortissants nigériens, arrêtés avec deux autres personnes la semaine dernière au port de Sèmè-Kpodji. Ils ont été condamnés pour « usurpation de titre » et « usages de données informatiques falsifiées ». Après ces arrestations, le régime militaire nigérien avait coupé les vannes de l’oléoduc.