A Blendecques, les « réfugiés climatiques » qui ont vécu de multiples inondations rejettent les écologistes et votent massivement pour le RN

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Ils sont vingt-huit à avoir glissé un bulletin écologiste dans l’urne, dimanche 9 juin, lors des élections européennes. Les habitants (4 926 au dernier recensement, en 2020, dont 3 715 inscrits) de Blendecques, dans le Pas-de-Calais, ont subi de plein fouet les effets dévastateurs du dérèglement climatique avec des inondations à répétition, des maisons et des vies à reconstruire.

Pourtant, le parti censé incarner la lutte contre le réchauffement climatique n’a pas vraiment bénéficié d’un raz de marée dans les urnes. Au contraire. La liste emmenée par Marie Toussaint a obtenu 1,72 % des voix. Troisième en 2019 avec Yannick Jadot (7,12 %), elle a chuté à la 10e place. Très loin du Rassemblement national (RN) et de ses 50,7 %, devancée par l’Alliance rurale de Jean Lassalle (2,52 %) et par le Parti animaliste (2,22 %). Les assesseurs ont même décompté davantage de bulletins nuls (2,52 %) et blancs (2,23 %).

« Les premiers réfugiés climatiques, c’est nous », reconnaît pourtant Vincent Maquignon, adjoint (sans étiquette) aux sports à la mairie de Blendecques. Sa jolie maison en brique rouge va être rasée, comme une dizaine d’autres dans sa rue, prise en étau entre deux bras de l’Aa. L’Etat doit les racheter pour y construire un bassin de rétention.

« J’ai horreur de ces gens »

Un voisin a consigné sur la porte de son garage les hauteurs mesurées dans la maison : 30 centimètres le 6 novembre 2023, 100 centimètres le 10 novembre, 110 centimètres le 1er février. « C’est un crève-cœur de devoir partir, mais, avec le réchauffement, les inondations vont se répéter et s’intensifier », dit Vincent Maquignon, 52 ans. Le père de famille est bien placé pour le savoir : il est chef d’équipe à Voies navigables de France, comme le rappelle son polo bleu siglé « VNF ». Son poste de vigie de l’environnement ne l’a toutefois pas orienté vers le vote écologiste aux élections européennes : « Un jour, ils s’insultent et le lendemain ils sont tous copains. J’ai horreur de ces gens. Je préfère [Emmanuel] Macron ou [Xavier] Bertrand, au moins ils restent droit dans leurs bottes. »

Xavier Bertrand, le président (Les Républicains) de la région Hauts-de-France, avait enfilé les siennes pour constater les dégâts dans la maison de la famille : « Ses collaborateurs m’appellent chaque semaine pour prendre des nouvelles. » Aux législatives, il privilégiera le « candidat de terrain ». Malgré les « petits arrangements entre les partis », sa voix devrait se porter sur le député sortant, Bertrand Petit (divers gauche), investi par le Nouveau Front populaire : « Les autres, comme le jeune du RN [Auguste Evrard, 24 ans], on ne les a pas vus pendant les inondations. »

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