le Rassemblement national et Eric Ciotti retirent leur soutien à deux candidats pour des propos antisémites

Deux soutiens retirés dans la même journée pour le même motif. Le Rassemblement national (RN) et Eric Ciotti, qui font alliance pour les élections législatives, ont retiré, mercredi 19 juin, leur soutien à leurs candidats Joseph Martin (1^re circonscription du Morbihan) et Louis-Joseph Pecher (5^e circonscription de Meurthe-et-Moselle) en raison de propos antisémites tenus par ces derniers sur les réseaux sociaux.

Joseph Martin, un cadre du parti à la flamme qui avait publié un message antisémite sur les réseaux sociaux en 2018, « n’a plus le soutien du Rassemblement national, il est suspendu et sera convoqué en vue de son exclusion », a déclaré le parti d’extrême droite à l’Agence France-Presse (AFP), en rappelant qu’il n’était plus possible de retirer sa candidature depuis dimanche soir. Dans un message repéré par Libération, le candidat du RN dans la 1^re circonscription du Morbihan avait écrit en octobre 2018 que « le gaz [avait] rendu justice aux victimes de la Shoah ». La publication a été effacée mercredi à la mi-journée.

De son côté, Eric Ciotti a retiré son investiture à Louis-Joseph Gannat, qui se présentait sous le nom de son épouse, Pécher, en Meurthe-et-Moselle. « Plusieurs comptes sur les réseaux sociaux, utilisés sous pseudo qui lui seraient attribués, comptent des propos antisémites, homophobes et orduriers », a expliqué dans un communiqué le président des Républicains (LR), que le reste des caciques de son parti cherchent à exclure, depuis l’annonce de son alliance surprise avec le RN il y a une semaine.

Jordan Bardella plaide le manque de temps

« L’union des droites que nous appelons de nos vœux doit précisément faire barrage aux torrents de haine, d’antisémitisme et de violence portés par l’extrême gauche », a ajouté M. Ciotti qui a investi soixante-deux candidats aux législatives sous le nom de « Républicains à droite », précisant retirer l’investiture au candidat.

Auprès du média StreetPress, Louis-Joseph Pecher a reconnu avoir eu un compte X, maintenant supprimé, qui publiait des messages antisémites et homophobes. Ce courtier en assurance est le fils de Pascal Gannat, ancien responsable du Front national dans l’Ouest et intime de Jean-Marie Le Pen, et le frère de Jean-Eudes Gannat, principale figure de la mouvance national-catholique en France, avec qui il fit de la politique et manifesta contre le mariage pour tous.

Dans la matinée, Jordan Bardella, interrogé au sujet du post de M. Martin révélé par des journalistes, en marge d’un déplacement de campagne en Seine-Saint-Denis, avait fait valoir que si un candidat tenant de tels propos était élu le 7 juillet, il ne siégerait pas au sein du groupe RN à l’Assemblée.

Avant de tenter d’esquiver le reste de la question sur la vérification des profils par son parti, en sous-entendant qu’il s’agissait d’une erreur, alors que le parti a dû faire « des dizaines, voire des centaines d’investitures (…) en quelques heures ». M. Martin avait pourtant déjà été investi candidat par le RN aux législatives de 2022, à l’époque dans la deuxième circonscription du Morbihan. Il avait recueilli 15,35 % des voix au premier tour, sans parvenir à se qualifier pour le second.

Interrogé par l’AFP, Adrien Villemin, le suppléant de Joseph Martin a quant à lui dit qu’il ne souhaitait pas se maintenir aux côtés dudit candidat investi par le RN, mais a dit ignorer s’il avait la possibilité de se retirer légalement. « Je pense que le siège va revenir vers moi à ce sujet », a-t-il précisé. « Bien sûr, je ne peux cautionner aucunement ce qui a été dit » par Joseph Martin dans son tweet, a ajouté le suppléant, affirmant que ni lui ni la fédération RN du Morbihan n’avaient eu connaissance de l’existence de ce message antisémite.

Adrien Villemin a ajouté : « On ne s’amuse pas forcément à remonter les historiques des comptes personnels des uns et des autres, surtout sur d’aussi nombreuses années. Les bras m’en sont tombés le premier, parce que ça fait des mois que je m’investis dans cette campagne. Et je suis déçu, dégoûté ». Il a par ailleurs dit ne pas être un proche de Joseph Martin, qu’il « connaît assez peu » : « Je l’ai rencontré à quelques occasions lors des réunions de la fédération », précisant que « les investitures ont été faites par le siège ». Joseph Martin n’avait de son côté pas répondu mercredi après-midi aux sollicitations de l’AFP.