« En votant RN, est-ce que je serai un mauvais chrétien ? », s’inquiètent des catholiques à Cholet

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Ce dimanche matin, après la messe qui vient de se tenir dans la chapelle du couvent Saint-François, à Cholet (Maine-et-Loire), l’encens se dissipe doucement. Les paroissiens s’égaillent. Jean Ortmans, 53 ans, s’attarde dans l’oratoire attenant. Le médecin aime cette église installée dans l’ancien carmel, un peu à l’écart du centre-ville. « Chaleureuse », elle accueille des fidèles « de tout âge et de toute condition sociale, qui se mêlent dans la fraternité, et sans jugement ». La chapelle était pleine, ce matin-là. « Pourtant, nous sommes aujourd’hui minoritaires, à Cholet… », glisse-t-il. Terre chrétienne de toute éternité, coincée entre la Bretagne et la Vendée, le Choletais compte en effet beaucoup de « sans-religion ».

Jean Ortmans est minoritaire à un autre titre : il est de ces catholiques pratiquants qui ont longtemps résisté à la tentation de l’extrême droite. Mais les temps changent. « J’ai des patients catholiques qui ont voté Rassemblement national [RN] pour la première fois, alors qu’ils étaient macronistes, raconte le médecin. Ils m’en parlent beaucoup. C’est la première fois que je vois les gens aussi anxieux. » Lui-même, qui n’a « jamais voté pour le RN », reconnaît qu’il tangue. « Aujourd’hui, ça ne me dérangerait pas », finit-il par admettre. « Je constate que les macronistes sont plus violents que le RN, justifie-t-il. Je ne peux pas voter pour quelqu’un qui professe la haine, ou pour un moralisateur. On nous a assez reproché de l’être, nous, les cathos. » « Les moralisateurs, pointe-t-il, ce sont les gens qui gouvernent, aujourd’hui. »

Les législatives anticipées, décidées dimanche 9 juin par le chef de l’Etat, mettent les catholiques pratiquants sur des charbons ardents. Enfin, les « vrais ». Un sondage, réalisé le 9 juin par l’IFOP pour La Croix montre que nombre de « catholiques pratiquants » (occasionnels et réguliers) ont basculé aux européennes : ils ont voté à 32 % pour le RN et à 10 % pour Reconquête !. Ils n’étaient que 18 % en 2019. Mais ceux qui vont à la messe régulièrement rechignent : seuls 18 % ont voté RN et 10 % Reconquête !.

« On cherche le choix raisonnable »

Cholet est emblématique. On s’y est toujours méfié des extrêmes. Au premier comme au second tour de la présidentielle de 2002, Jean-Marie Le Pen avait rassemblé moitié moins d’électeurs qu’ailleurs. En 2022, Emmanuel Macron a fait 38,2 %, dès le premier tour, et presque 73 % au second. Mais, aux européennes, le 9 juin le RN a pris la tête, avec 23,4 % des voix, devant Renaissance (21,2 %). Moins qu’au niveau national, certes, mais à Cholet, c’est un séisme. En 2019, le RN était arrivé troisième, loin derrière les macronistes. Fine mouche, le maire, Gilles Bourdouleix (divers droite), a annoncé, le 11 juin, être candidat pour les législatives avec le soutien du RN et d’Eric Ciotti, toujours président du parti Les Républicains (LR).

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