Avant les législatives, le grand oral des partis devant les patrons

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« Réintroduire de la rationalité » dans le débat économique : voilà l’objectif bien ambitieux des auditions des représentants des différents partis organisées par quinze organisations patronales, dont le Medef, la CPME et l’U2P. À dix jours des législatives, Édouard Philippe (Horizons), Éric Coquerel et Boris Vallaud (Nouveau Front populaire), Jordan Bardella et Éric Ciotti (Rassemblement national-Les Républicains), Bruno Le Maire (Ensemble pour la République) et Bruno Retailleau (Les Républicains) ont défilé sur la scène de la salle Gaveau pour convaincre les patrons, ce jeudi 20 juin.

Les auditions des représentants du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national, dont les programmes inquiètent le monde économique, étaient bien évidemment les plus attendues par les chefs d’entreprise présents. « Le programme du RN est dangereux pour l’économie française, la croissance et l’emploi, celui du Nouveau Front populaire l’est tout autant, voire plus », déclarait ainsi Patrick Martin, le président du Medef, à nos confrères du Figaro quelques heures avant ce grand oral.

Patriotisme économique

Le bal a été ouvert par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe, qui s’est posé en vieux sage expérimenté, garant de la politique de l’offre mise en place par le gouvernement Macron depuis 2017, et appelant à poursuivre sur la même voie. « Il ne faut absolument pas changer la logique », a-t-il déclaré devant un parterre de patrons convaincus par ce discours. Tout en appelant à une maîtrise des comptes publics et en demandant que face à chaque baisse d’impôts soit alignée une baisse de dépenses.

Changement de pied avec l’arrivée sur scène du duo Éric Coquerel, ex-président LFI de la Commission des finances, et Boris Vallaud, ex-député socialiste, devant un public plus hostile. Les représentants du Nouveau Front populaire ont promis que le bouclage budgétaire de leur programme accumulant les nouvelles dépenses serait présenté dans quelques jours, tout en appelant les milliardaires à un « effort de patriotisme économique » et en garantissant que leur « relance keynésienne avec un effet multiplicateur très fort » s’autofinancerait grâce au retour de la croissance. Le binôme a également confirmé que la hausse du smic, tant redoutée par les chefs d’entreprise, serait compensée par l’État pour les PME. « Les entreprises ont tout intérêt à ce que les salaires augmentent », a appuyé Éric Coquerel.

Retraite à 60 ans pour les carrières longues

L’autre tandem de la matinée s’affichait pour la première fois ensemble. Flanqué d’Éric Ciotti, président aujourd’hui contesté des Républicains, Jordan Bardella a joué les équilibristes en tentant de concilier le programme dépensier du Rassemblement national aux exigences budgétaires. « Les marges financières nous obligent à faire des choix », a déclaré le candidat RN en promettant à nouveau un audit immédiat des finances publiques si son parti arrivait au pouvoir. Il s’est engagé à poursuivre la baisse des impôts de production engagée par la majorité sortante – et attendue par les chefs d’entreprise – et confirmé un détricotage partiel de la réforme des retraites, avec un retour à un âge de départ à 60 ans pour les carrières longues.

Après s’être pris des coups de la part des deux binômes précédents, le ministre de l’Économie sortant, Bruno Le Maire, est entré sur le ring pour cogner sur les « programmes délirants et à contretemps de la situation des finances publiques ». Alors que Gabriel Attal venait tout juste de présenter le programme de la majorité dans la matinée, l’ex-locataire de Bercy a affirmé qu’il allait « économiser et rétablir les comptes, comme nous avons commencé à le faire » tout en promettant lui aussi de poursuivre la baisse des impôts de production.

Enfin, le plus décontracté était sans doute le sénateur Bruno Retailleau, venu représenter Les Républicains. Déambulant sur scène avec un grand sourire, le Vendéen, après avoir disserté sur la situation politique et économique, a dénoncé le « social étatisme », revendiqué un programme de baisse des dépenses de 100 milliards d’euros et demandé qu’on arrête « d’emmerder les entreprises » avec l’écologie. Efficace.


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