au Rassemblement national, le sport est au service d’objectifs médiatiques

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Depuis la victoire écrasante du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, la perspective de voir Jordan Bardella s’installer à Matignon à moins de deux semaines des Jeux olympiques (JO) de Paris suscite crainte et sidération. En France comme à l’international. Les cadres du RN ont, certes, affirmé leur volonté de ne rien bouleverser de l’organisation de l’événement planétaire en cas d’arrivée au pouvoir, mais qu’en sera-t-il vraiment au soir du 7 juillet ? Et, au-delà, quelle vision politique du sport la formation d’extrême droite porte-t-elle ?

Rien, pas une ligne, pas même une seule mention au sport ne figure parmi les huit grandes orientations du « gouvernement d’union nationale » que Jordan Bardella appelle de ses vœux après les élections législatives. Le sujet était tout aussi absent du programme présidentiel de Marine Le Pen en 2022, comme en 2017. Aleksandar Nikolic, le reconnaît, mais corrige aussitôt : « Nous sommes ceux qui sont allés le plus loin dans la réflexion en termes de politique sportive. » Le député européen, élu le 9 juin, en veut pour preuve les vingt-quatre mesures pour le sport qu’il a été chargé de rédiger ces derniers mois.

Le sport à l’école y figure en bonne place. Il est ainsi question d’étendre les tests physiques en classe de 6e – voulus par le président Emmanuel Macron – au CE1 et à l’entrée au lycée. L’élargissement du Pass’Sport mis en place en 2021 est aussi une piste envisagée, comme « un grand plan pour parvenir à 30 millions de licenciés en France en trois ans » – le pays compte aujourd’hui 17 millions de pratiquants dans un cadre fédéral.

Le haut niveau n’est pas oublié. Le « M. Sport » du Rassemblement national, par ailleurs conseiller régional du Centre-Val de Loire, propose ainsi de doubler le nombre de sportifs olympiques soutenus et de porter l’aide financière de l’Etat à 2 800 euros net mensuels par athlète – contre 2 500 euros actuellement. « L’incarnation de la nation doit être récompensée », fait valoir M. Nikolic.

Difficile d’avoir plus de détails ou de chiffrer le coût des propositions envisagées. « C’est compliqué, elles sont en attente de validation et doivent être budgétisées », se justifie-t-il, pris de court par le calendrier imposé par la dissolution.

Aucun travail législatif

« Le Rassemblement national n’a pas de logiciel sport, pas de socle programmatique », tranche de son côté l’historien Valentin Guéry. « Il y a bien eu quelques travaux dans les années 1980, juste avant que Jean-Pierre Stirbois [figure historique du Front national] décède, mais la commission sport du parti est en sommeil depuis plusieurs années. Il y a comme une forme d’évitement idéologique », prolonge l’auteur d’une thèse sur les usages politiques du sport par le FN/RN entre 1972 et 2022. Selon lui, « le sport n’est envisagé au RN qu’à travers un objectif de visibilité médiatique », sous l’impulsion notamment d’Eric Domard, l’ancien conseiller spécial de Marine Le Pen.

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