« Le président de la République a tué la majorité »

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Avant les résultats des élections européennes du 9 juin, ses lieutenants annonçaient qu’Edouard Philippe « irait vers la présidence », à partir de la rentrée de septembre. Comprendre : mener campagne plus ouvertement pour la présidentielle de 2027. Force est de constater que la dissolution annoncée par Emmanuel Macron a accéléré l’agenda de son ancien premier ministre. Jeudi 20 juin, le maire du Havre a acté sa rupture avec le chef de l’Etat en multipliant les prises de position le mettant en cause.

« C’est le président de la République qui a tué la majorité présidentielle », en décidant de dissoudre l’Assemblée nationale, a-t-il déclaré sur TF1, en marge d’un déplacement dans les Hauts-de-Seine. « Il l’a dissoute. C’est pas moi qui suis parti, c’est pas des frondeurs qui l’auraient énervé », a poursuivi le patron du parti Horizons, allié du locataire de l’Elysée.

Il a constaté que la dissolution suscitait « évidemment » de « la colère » chez les Français, prenant soin de préciser : « Et honnêtement, je les comprends très bien. » Le tout en insistant sur la responsabilité de M. Macron, alors que l’influence de ses conseillers est soulignée dans sa prise de décision. « Pour moi, il n’y a pas de collaborateurs, il y a un patron, a-t-il appuyé sur le plateau de « C à vous », sur France 5. Et c’est lui qui est responsable de ce qui sort de sa maison. »

« Une coalition nouvelle, élargie et inédite »

Au-delà des attaques personnelles contre le chef de l’Etat, c’est bien la page du macronisme que l’ancien chef du gouvernement souhaite définitivement tourner. M. Philippe appelle ainsi à « créer une nouvelle majorité » qui « fonctionnera sur des bases différentes ». A la différence d’Emmanuel Macron qui a dirigé le pays pendant sept ans au nom du « dépassement », arrachant des ralliés à leur parti d’origine, M. Philippe prétend pouvoir bâtir des ponts de la droite républicaine aux sociaux-démocrates, sans pour autant demander à ses hypothétiques alliés de rompre avec leur famille politique. « Donnons aux Français des perspectives en créant les conditions d’une coalition nouvelle, élargie et inédite en identifiant quelques sujets prioritaires, comme l’éducation, la justice, l’écologie ou les finances publiques », résume l’élu parisien Pierre-Yves Bournazel, un de ses proches.

Reste qu’en pleine débâcle post-européennes, les grandes théories politiques des amis d’Edouard Philippe ont des airs de prétexte pour chercher à se démarquer d’un président complètement démonétisé dans l’opinion. « La dissolution, nous faisons avec. La campagne éclair, nous faisons avec. La colère des Français, nous faisons avec », énumère la députée européenne Nathalie Loiseau (Horizons), rappelant que « le président n’a pas consulté les partis avant de dissoudre ». Quant à Gilles Boyer, un des plus proches conseillers de M. Philippe, il assume que les propos du maire du Havre puissent fragiliser encore un peu plus Emmanuel Macron. « Ça renforce nos candidats, ce qui est l’essentiel. Et cela aide bien au-delà des candidats Horizons. »

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