A Saint-Pal-de-Chalencon, le cinéma a été transformé depuis longtemps en salle communale. Laurent Wauquiez arrive dans l’ancien Rex au pas de charge mais sans jouer les vedettes américaines. Dans son fief de la Haute-Loire, sa popularité le précède et le tutoiement s’impose avec la centaine de personnes présentes lors de sa deuxième réunion publique, jeudi 20 juin, dans le cadre de la campagne des élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Comme les autres candidats du parti Les Républicains (LR), le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes ne met pas en avant son étiquette partisane et mise sur son ancrage local.
En presque une heure et demie, l’ancien député de la 1re circonscription de Haute-Loire (2004-2007 puis 2012-2017) ne mentionne pas une seule fois le nom de son parti. Dans un commentaire général, il admet « ne pas être fier du spectacle offert ces derniers jours, y compris dans [s]a famille politique ». Mais sans jamais évoquer Eric Ciotti, l’« ami » censé lui garder une place au chaud pour être le candidat de la droite à l’élection présidentielle de 2027. Le même jour, le président contesté de LR s’affichait avec son nouvel allié, le chef du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, devant les dirigeants du Medef. Loin des yeux et du cœur désormais pour celui à qui Eric Ciotti donnait encore du « cher Laurent », le 5 juin, lors du dernier meeting du parti de droite pour les élections européennes, au Cannet (Alpes-Maritimes).
Le chemin pour l’Assemblée nationale passe ce jeudi par « Saint-Pal ». La route est sinueuse, mais les locaux disent que la vue sur les monts du Forez vaut le détour. « Laurent mûrissait l’idée de se présenter aux législatives si l’opportunité devait arriver, explique son ami Brice Hortefeux. Elle est arrivée plus vite que prévu. Cela montre sa grande détermination concernant ses ambitions nationales. » L’ancien ministre de l’intérieur ne trahit aucun secret. Dans ce cas de figure, la députée sortante, Isabelle Valentin (LR), avait prévu de laisser sa place à Laurent Wauquiez, son suppléant.
Sortir du bois
Celui-ci file la métaphore sportive devant les jeunes joueurs du club de football local, venus baisser la moyenne d’âge de l’assistance : « Quand ça va mal pour votre équipe, pour votre pays, vous ne restez pas sur le banc de touche. J’ai considéré que vous ne pouvez pas avoir des convictions pour la France et rester de côté, à faire des commentaires, en regardant le pays s’affaisser sans s’engager. »
Avec ou sans Eric Ciotti, l’ancien ministre, aujourd’hui âgé de 49 ans, entend s’imposer comme le « candidat naturel » de la droite. Laurent Wauquiez avait prévu d’accélérer sa marche escarpée vers l’Elysée à la rentrée, pourquoi pas lors de sa traditionnelle montée annuelle du mont Mézenc, fin août. La dissolution le force à sortir du bois plus tôt et sans chaussures de randonnée. Impossible de s’échapper cette fois, sous peine de voir ses détracteurs moquer un nouveau refus d’obstacle. « Il a quitté un certain confort à la région pour retourner – s’il est élu – dans une Assemblée nationale qui risque de ressembler à un chaudron », observe Brice Hortefeux.
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