Lorsqu’il est en visite dans le Nord, Edouard Philippe n’aime rien tant que de rappeler qu’il est un grand amateur de bière. Samedi 22 juin, en déplacement dans le département pour apporter son soutien à des candidats aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, l’ancien premier ministre a été servi. Dès 10 h 15, le voilà une pinte de blonde à la main dans la brasserie « Le Green », plantée sur la nationale qui traverse le bourg de Pont-à-Marcq, où l’attendent une petite centaine de sympathisants réunis autour de la députée sortante Charlotte Parmentier-Lecocq (Renaissance).
Mais le président du parti Horizons n’a pas besoin de houblon pour s’enhardir lorsqu’il est question d’évoquer Emmanuel Macron. Deux jours après avoir sèchement acté sa rupture avec le chef de l’Etat, en lui reprochant notamment d’avoir « tué la majorité présidentielle », le chef du gouvernement du premier quinquennat de M. Macron (2017-2020) a enfoncé le clou.
« C’est lui qui a prononcé la dissolution. Donc évidemment, tout ce qui est en réaction à la dissolution peut être rattaché à lui », a-t-il répondu à la presse, à la question de savoir si le locataire de l’Elysée est « responsable » de l’inquiétude des Français. Quant à savoir si ce dernier doit jouer un rôle « central » après le 7 juillet, au cas où le centre droit serait en mesure de dégager une nouvelle majorité, il se montre tranchant : « J’ai peut-être raté quelque chose mais je ne crois pas que le président de la République soit candidat aux élections législatives. »
Emmanuel Macron est désormais relégué en arrière-plan de la vie politique du pays par son ancien premier ministre, qui enterre au passage le « en même temps ». « Une expression qui est très, très attachée à Emmanuel Macron », décrit-il, préférant parler de « capacité à se mettre d’accord avec d’autres ».
« Je veux que l’on montre notre singularité »
Ces analyses, le maire du Havre les distille à mots choisis depuis plusieurs jours, pour le plus grand bonheur de ses supporters. « Edouard Philippe a raison de mettre les pieds dans le plat et de dire à voix haute ce que tout le monde pense tout bas », s’enthousiasme Adrien Sénecaut, un adhérent d’Horizons dans le Nord, qui dénonce « le côté pyromane de Macron ». Son voisin de tablée, Daniel – qui n’a pas souhaité donner son nom – est encore plus en colère. « Macron a tué la confiance que tous les élus avaient mise en lui ! », fustige-t-il.
Quelques heures plus tard à Hem, où environ deux cents sympathisants l’attendent dans une ferme transformée en centre commercial, Edouard Philippe sirote sa deuxième pinte de la journée quand une quinquagénaire l’attrape par le bras. « J’en ai marre que l’on dise que nous sommes dedans [dans le camp présidentiel]. Je veux que l’on montre notre singularité. Et enfin, nous le faisons ! », le félicite-t-elle. « Oui, on est là ! se rengorge le dirigeant d’Horizons. Quand ça castagne, il faut y aller ! »
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