« Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, épouvantails dans leurs camps respectifs »

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Amiens, le 17 mai 1993. Coiffé d’un chapeau de paille, les bras en croix, Emmanuel Macron, 15 ans, arpente une scène de théâtre, pour la représentation de fin d’année de son lycée. Dans cette pièce de Jean Tardieu, La Comédie du langage, il joue un épouvantail, qui s’écrie : « Ah ! qu’il est bon de renaître ! » – ces images sont issues du documentaire de Pierre Hurel Emmanuel Macron, la stratégie du météore, diffusé en 2016 sur France 3. Trente ans plus tard, c’est exactement ce que le président de la République semble être devenu dans son propre camp : un épouvantail qui, par tous les moyens, chercherait à « renaître ».

Au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale, le premier ministre, Gabriel Attal, a accepté de faire campagne pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet à une seule condition : prendre la direction de celle-ci, et que ce président si impopulaire se mette en retrait. Même prise de distance chez les candidats Renaissance qui ont retiré la photo d’Emmanuel Macron de leurs affiches électorales. Dans un premier temps, ce dernier a semblé accepter de se faire discret : « Je ne ferai pas campagne aux législatives », a-t-il assuré, le 12 juin, lors de sa conférence de presse. Mais il ne cesse de parler depuis. Partout – en Italie en marge du G7, sur l’île de Sein (Finistère), à l’Elysée, pour la Fête de la musique… – et tout le temps – plusieurs fois par semaine.

Dimanche, le chef de l’Etat a publié une « lettre aux Français » dans la presse quotidienne régionale, dans laquelle il justifie sa décision de dissoudre. Lundi, il s’est confié pendant près de deux heures dans un podcast, « Génération Do It Yourself », pour mettre en garde contre un risque de « guerre civile » auquel mèneraient, selon lui, les programmes des « deux extrêmes ». Cette logorrhée présidentielle est jugée inopportune dans son camp, où les candidats de la majorité mesurent tous les jours, sur le terrain, la défiance qu’il suscite désormais chez les électeurs.

« Qu’il se taise »

Si le bloc central rêve d’une campagne « démacronisée », le bloc de gauche appelle lui aussi de ses vœux une campagne « démélenchonisée ». Comme Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon a d’abord semblé tenir compte du rejet dont il fait l’objet chez une partie des électeurs de gauche, las de sa stratégie du bruit et de la fureur, et qui ne lui pardonnent pas ses dérives ou ses ambiguïtés – ses déclarations sur l’antisémitisme « résiduel » notamment. Mais le leader « insoumis » a, lui aussi, changé de pied : il a d’abord indiqué qu’il ne « s’imposer[ait] pas » pour Matignon (le 12 juin sur France 2), avant de laisser entendre l’inverse dix jours plus tard, affirmant qu’il avait la ferme « intention » de « gouverner ce pays » (le 22 juin sur le plateau de « C l’hebdo », sur France 5).

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