« L’absence de termes désignant les femmes dans le programme du Nouveau Front populaire est un problème politique »

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On croyait la gauche convertie à l’égalité femmes-hommes. Et donc à son langage, qu’on dit égalitaire, ou non sexiste, ou inclusif. On l’avait vue, en octobre 2023, batailler contre le Rassemblement national à l’Assemblée nationale et contre les Les Républicains (LR) au Sénat pour repousser leurs ridicules propositions de loi « contre l’écriture inclusive ». Pendant la campagne des européennes, on avait entendu des candidates et des candidats essayer de faire cet effort pour élargir leur horizon mental, et donc réfléchir aux besoins des femmes, et même des milliers de gens qui ne sont pas des hommes – les enfants par exemple.

Il aura suffi d’une dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin, pour faire voler en éclats ce vernis, revenir au bon vieux temps du masculin qui l’emporte sur le féminin au point de le faire disparaître, et témoigner de la validité de l’axiome aujourd’hui bien documenté : « Qui parle au masculin pense au masculin. »

La lecture du programme du Nouveau Front populaire est à ce titre lumineuse. En 23 pages, trois expressions seulement de cette parité linguistique pour laquelle on combat en France depuis les années 1980, dont deux sont situées en ouverture, comme le faisait le général de Gaulle : « les femmes et les hommes » dans la première ligne du préambule, « les Françaises et les Français » dans l’avant-dernière. Ensuite, c’est terminé, à part un « toutes et tous » perdu, [page 14], dans le propos sur le service public. Il est question des députés, des agriculteurs, des auteurs, des acteurs, des magistrats, des greffiers, des agents, des policiers, des salariés, des morts, des inspecteurs, des intermittents, des travailleurs, des étudiants, des professeurs, des exilés, des migrants, etc.

L’idéologie patriarcale règne

Si l’on veut bien croire que « les dirigeants du Hamas » soient un groupe non mixte, ce n’est pas le cas des autres. Ils sont parfois masculinisés, à tort : « des Français grandement paupérisés par sept ans de macronisme et trois ans d’inflation » sont, en réalité, majoritairement des Françaises : des travailleuses à temps partiel, des mères de famille monoparentale, des retraitées, des salariées peinant dans les métiers les moins valorisés. Quant aux « soignants libéraux », aux « aides-soignants », aux « professionnels du grand âge », ils sont ultraminoritaires dans leurs professions. Un seul groupe est ici nommé au féminin, celui des « accompagnantes d’élèves en situation de handicap » – où il y a pourtant quelques hommes ; mais c’est si féminin de s’occuper d’enfants !

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