« Je ne crois pas à l’hypothèse du désastre. » Devant la mission d’information du Sénat sur les fonds d’investissement dans le football professionnel français, Vincent Labrune a péniblement tenté, mercredi 26 juin, durant près de trois heures, de convaincre son auditoire que les clubs hexagonaux ne sortiront pas exsangues du feuilleton à rallonge de la vente des droits télévisés de la Ligue 1 pour le cycle 2024-2029.
Veste bleue et fines lunettes, le président de la Ligue de football professionnel (LFP) a été auditionné par la mission d’information à un moment charnière. Faute d’accord de distribution entre les chaînes BeIN Sports et Canal +, la LFP n’a toujours pas trouvé de diffuseur pour la prochaine saison du championnat de France. Alors que le contrat de droits télévisés (2021-2024) expire le 30 juin, la Ligue planche dans l’urgence sur un « plan B » aventureux, qui consisterait à créer et à commercialiser sa proche chaîne avec l’intégralité des matchs de Ligue 1.
« On n’a pas réussi [à trouver un diffuseur], j’en prends ma part. Il y a un chemin qui sera sans doute moins bénéfique pour les clubs si on n’arrive pas à trouver un accord avec Canal +, a concédé M. Labrune. Mais il y a un chemin qui est tout simplement de faire d’une contrainte théorique une opportunité (…), en essayant de créer notre propre média. »
Sous le feu roulant des questions du rapporteur de la mission, Michel Savin (Isère, Les Républicains), M. Labrune a admis ne pas être le « maître des horloges » dans ce dossier, soulignant le « sentiment de trahison » éprouvé par Canal +, propriété de Vincent Bolloré, depuis la défaillance financière de Mediapro et le rachat des droits télévisés de la Ligue 1, en 2021, par Amazon.
Un « modèle gagnant-gagnant »
Dos au mur, M. Labrune a été principalement questionné sur la création, en 2022, par la LFP, d’une société commerciale, LFP Media, en vertu d’un accord avec le fonds d’investissement luxembourgeois CVC Capital Partners. Ledit accord prévoit la cession de 13 % du capital de LFP Media pour 1,5 milliard d’euros et le versement, en échange, à CVC de 13 % du bénéfice de la société commerciale.
M. Labrune a reconnu que la question de la « durée » de cet « accord exceptionnel avec CVC » ne s’était jamais posée lors des négociations avec le fonds. Devant un auditoire sceptique, il a loué un « modèle gagnant-gagnant », qui « protège les clubs énormément en cas de baisse des droits télévisés ».
Loin de partager son enthousiasme, les sénateurs ont mis en avant le « décalage » entre le « plan d’affaires », les prévisions commerciales optimistes de la LFP en 2022 et « la situation financière et l’inquiétude de beaucoup de clubs », bien en peine « d’élaborer leur budget sans connaître le montant des droits » domestiques.
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