Dans son discours, Jordan Bardella peaufine son costume de Premier ministre et garde l’optique d’une majorité absolue

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Cet article a été initialement publié en anglais

Le Rassemblement national, parti d’extrême droite, a obtenu près de 33 % des voix au premier tour des élections législatives. Mais l’obtention de la majorité absolue à l’Assemblée nationale est loin d’être acquise.

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Trois semaines après avoir remporté la mise lors des élections européennes, le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête du premier tour des législatives anticipées ce dimanche, en obtenant 33% des suffrages sur l’ensemble du territoire.

« Les Français ont rendu un verdict sans appel, et confirmé leur aspiration claire au changement », a déclaré Jordan Bardella, chef de file du RN, dans le discours qu’il a tenu peu après 20 heures.

Le parti d’extrême droite et ses alliés LR ont remporté plus de 33 % des suffrages, soit cinq points d’avance sur le Nouveau Front populaire (NFP), et douze points d’avance sur la coalition présidentielle Ensemble.

Si le vote est confirmé au second tour dimanche prochain, le RN pourrait obtenir entre 230 et 280 sièges à l’Assemblée nationale, alors que le parti ne disposait que de 89 sièges avant la dissolution opérée par Emmanuel Macron. Mais la question de la majorité au sein de l’Assemblée nationale reste entière : pour disposer d’une majorité absolue, le RN aura besoin de remporter 289 sièges, ce qui reste pour le moins incertain au vu des résultats de dimanche, des nombreuses triangulaires et des alliances à venir entre les deux tours, à l’aube d’une semaine qui s’annonce encore riche en rebondissements.

Jordan Bardella compte démontrer qu’il peut endosser le costume de Premier ministre

Lors de son discours, qui a duré à peine plus de cinq minutes, Jordan Bardella s’est exprimé face à un parterre de journalistes, notamment face à la presse internationale.

L’exercice semblait chorégraphié au millimètre près : pas de triomphalisme de cadres du parti, ni de partisans qui auraient pu ponctuer le discours de huées ou de manifestations intempestives. Jordan Bardella entendait donc rassurer. A 28 ans, le chef de file d’extrême droite, empruntant une mine grave, s’est engagé à être « le Premier ministre de tous les Français […], respectueux des oppositions, ouvert au dialogue et soucieux à tout instant de l’unité de la nation ».

Souhaitant galvaniser les électeurs à l’approche du second tour, le leader du RN entend capitaliser sur les résultats de son parti, en vue d’obtenir une majorité absolue.

« Sept jours nous séparent d’un choix historique », poursuit-il, « et je souhaite que cette campagne de second tour puisse se déployer dans un climat apaisé, honnête, respectueux des institutions et des règles démocratiques ».

Si Jordan Bardella n’a pas fait mention du Président de la République Emmanuel Macron, il n’a pas manqué d’adresser un tacle à ses adversaires.

« A l’évidence, au vu des résultats, le camp présidentiel, encore largement désavoué aujourd’hui, n’est plus en mesure de l’emporter », a-t-il affirmé. La coalition d’Emmanuel Macron, qui a enregistré un véritable revers, pourrait perdre jusqu’à 180 sièges, et n’en conserver que 70.

Le NFP, quant à lui, a été qualifié d' »alliance du pire » dont l’accès au pouvoir « conduirait au désordre, à l’insurrection et à la ruine de notre économie ».

Jordan Bardella a fustigé le NFP, assurant que « Jean-Luc Mélenchon et ses amis font courir à notre nation un péril existentiel ».

Un repli républicain contre le Rassemblement national ?

Un discours au ton solennel qui contrastait avec celui de Marine Le Pen, ancienne dirigeante du parti et présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale.

Face à des centaines de partisans électrisés, brandissant des drapeaux, dans son fief d’Hénin-Beaumont, l’ancienne dirigeante du parti a déclaré que les résultats de dimanche avaient « anéanti le bloc macroniste », confirmant aussi sa réélection dès le premier tour dans sa circonscription.

Dans les circonscriptions où des triangulaires ont émergé – soit une configuration dans laquelle plus de deux candidats ont obtenu plus de 12,5 % des voix – qui au sont au nombre de 250 sur l’ensemble du territoire, le NFP a indiqué qu’il retirerait ses candidats arrivés en troisième position, afin d’éviter un éparpillement des voix et de faire bloc face au RN.

Emmanuel Macron a appelé de son côté à un « rassemblement large, démocratique et républicain pour le second tour ».

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