Au « Figaro », Alexis Brézet cabre une nouvelle fois la rédaction

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Alexis Brézet a-t-il poussé définitivement trop loin le flirt du Figaro avec l’extrême droite ? Une nouvelle fois, une partie de la rédaction du quotidien conservateur en a eu la conviction, en découvrant « avec étonnement et inquiétude » son éditorial, au lendemain du premier tour des élections législatives, lundi 1er juillet.

Le 13 juin, déjà, sur Europe 1 leur directeur avait donné le sentiment d’accorder ses faveurs au Rassemblement national (RN). Mais cette fois, c’est en une de « leur » journal que M. Brézet a encouragé au vote pour le parti d’extrême droite, dimanche 7 juillet, provoquant une onde de choc qui ne cesse de se propager depuis.

Dès lundi après-midi, plusieurs journalistes se sont attelés à la rédaction d’un texte afin d’obtenir une réponse claire de M. Brézet à la question qui les taraude : « Le Figaro se définit-il encore comme un journal libéral, conservateur, pro-européen, et opposé à l’extrême droite ? » Mardi, en fin d’après-midi, quatre-vingt-dix personnes y avaient déjà apposé leur signature. « Je n’ai jamais vu une telle mobilisation en quinze ans de maison », siffle, admiratif, un journaliste qui préfère rester anonyme, comme tous ceux que nous avons contactés.

Dans son éditorial, Alexis Brézet écrivait : « Entre Bardella et Mélenchon, qui, en conscience, voudra mettre un signe d’égalité ? Le programme du RN est certes, à bien des égards, inquiétant, mais en face : antisémitisme, islamo-gauchisme, haine de classe, hystérie fiscale. Placé, quoi qu’il en dise, sous la domination de La France insoumise [LFI], le Nouveau Front populaire est, de fait, le vecteur d’une idéologie qui consommerait le déshonneur et la ruine du pays. » Pour les journalistes protestataires, cette formulation ressemble à « un soutien au RN sans précédent dans l’histoire du journal et contraire à l’engagement pris, il y a deux semaines, par Alexis Brézet, devant la Société des journalistes [SDJ] ». Le directeur des rédactions du quotidien avait alors assuré que le journal ne donnerait aucune consigne en faveur de l’une ou de l’autre des forces politiques à ses lecteurs.

Mise en scène

« Nous voudrions savoir si cet appel au vote témoigne d’un changement de ligne éditoriale », insiste le collectif, prenant le relais d’une SDJ divisée et hésitante sur la conduite à tenir. « Tout le monde ne pense pas pareil à la rédaction », reconnaît un journaliste.

L’éditorialiste Eugénie Bastié a ainsi fait savoir, mardi soir dans un courriel, qu’elle n’avait été pour sa part « nullement choquée » par le texte de M. Brézet, dans lequel elle n’a « lu aucune consigne de vote ». Quelques instants plus tard, son collègue du FigaroVox Alexandre Devecchio approuvait, estimant que « les polémiques inutiles [nous] desservent actuellement ». Pourtant, « plusieurs parmi nous estiment que cet éditorial ne représente pas notre travail et participe de la décrédibilisation du journal à l’extérieur, où on nous traîne dans la boue », reprenait le journaliste cité plus haut.

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