SK Hynix est l’un des grands vainqueurs de la course à l’intelligence artificielle en tant que principal fournisseur de Nvidia. Les puces mémoires de la société sud-coréenne ont su se rendre incontournables et pousser la croissance du groupe. Un grand plan d’investissement dévoilé le 30 juin doit conforter sa position.
Le carnet de commandes de SK Hynix est plein
En Corée du Sud, SK Group représente le deuxième plus gros conglomérat derrière Samsung. S’il y a un domaine où le dauphin surpasse encore le champion, c’est dans le domaine des high-bandwidth memory chips (HBM) ou mémoire à large bande passante. Une invention de SK de 2013, depuis sans cesse amélioré.
Nvidia, devenu l’une des entreprises les plus valorisées au monde, a besoin de ces composants pour ses accélérateurs d’IA. Pour le moment, SK Hynix, la division semi-conducteur de SK Group est le seul à lui fournir ce type de produits. Micron et surtout Samsung semblent encore accuser un sérieux retard.
Résultat, comme son partenaire, la valorisation et les revenus de SK Hynix ont bondi ces derniers mois. La valeur de l’entreprise a atteint les 93 milliards de dollars et ses dirigeants visent les 140 milliards pour 2026. Le carnet de commandes est plein pour 2024 et se remplit très rapidement pour 2025. La filiale estime que la dynamique de l’IA va continuer à porter cette croissance encore un moment.
Lors de la réunion annuelle des 20 plus hauts cadres du groupe et de son président Chey Tae-won, la décision a été logiquement prise d’accompagner ce mouvement. C’est au cours de ce marathon d’échange stratégique de 20h, étalé sur deux jours, qu’il a été décidé d’accorder 103 trillions de wons, 75 milliards de dollars, à SK Hynix.
Cet investissement s’étalera jusqu’en 2028 détails Bloomberg, à l’origine de l’information. 80 % de la somme totale sera entièrement consacrée aux puces HBM. Il est facile d’imaginer que cet argent servira d’une part à maintenir l’avance technologique de SK sur ses rivaux, pour maintenir sa domination du marché. Un accord a été passé en ce sens avec un autre géant des semi-conducteurs, TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company).
Pour croître et aussi répondre à la demande exponentielle, l’autre volet est du développement de la production. Les HBM, comme les autres semi-conducteurs avancés, nécessitent des fabs dont la construction peut dépasser la dizaine de milliards de dollars.
Savoir s’adapter pour survivre
Des projets ont par ailleurs déjà été annoncés aux États-Unis, bénéficiant du Chips Act, et surtout en Corée du Sud. Le plan révélé insère désormais ces efforts dévoilés au compte-goutte dans une stratégie globale. Un changement impressionnant vu du passé. Il y a encore peu de temps, SK Hynix perdait de l’argent, une crise liée à la faible demande en puces mémoires.
L’industrie des semi-conducteurs est ainsi faite, aux phases de disettes succèdent des phases de sous-production. Les groupes doivent tout à la fois avoir les reins solides et la capacité de changer rapidement de stratégie, d’ambition. Des qualités que manifeste ici SK Hynix.
