le RN s’ancre aux Antilles

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C’est une situation inédite aux Antilles : le Rassemblement national (RN) sera présent au second tour des élections législatives dans trois des huit circonscriptions de Guadeloupe et de Martinique. Dans les trois cas de figure, les prétendants investis par le parti de Jordan Bardella, distancés au premier tour par les députés sortants, ne font certes pas figure de favoris, mais un tel résultat confirme l’ancrage progressif du RN dans le paysage politique antillais.

Le 29 juin – jour de vote anticipé dans les circonscriptions des Antilles –, le parti lepéniste a triplé son score de 2022 dans les quatre circonscriptions de Martinique, et frôlé la barre des 10 %. Ce résultat, bien en deçà de la moyenne nationale, mais inouï lors d’un scrutin local dans l’île, a permis à Grégory Roy-Larentry, un novice en politique de 32 ans, de se qualifier pour le scrutin du 6 juillet face à Jean-Philippe Nilor qui, sous la bannière du Nouveau Front populaire (NFP), brigue un quatrième mandat de député dans la 4e circonscription.

« Il s’agit d’une première historique », constate Justin Daniel, professeur de science politique à l’université des Antilles : jamais un candidat lepéniste ne s’était hissé à ce niveau dans cette île historiquement très ancrée à gauche. Longtemps indésirable en Martinique, le parti d’extrême droite a investi ses premiers candidats dans l’île lors des élections législatives de 2012. « Un palier a été franchi », juge le politologue martiniquais.

Tendance de fond

Dans la 3e circonscription de Guadeloupe, l’accession de Rody Tolassy au second tour ne laissait, certes, guère de doute. Et pour cause : déjà, lors du scrutin de 2022, le délégué départemental du RN avait mis en ballottage défavorable le député sortant, Max Mathiasin (membre du groupe Liberté, indépendants, outre-mer et territoires, LIOT). Il s’était ensuite incliné de justesse au second tour, avec 47,9 % des voix, établissant au passage un record pour un candidat de sa formation aux Antilles. Les élections européennes des 8 et 9 juin avaient, du reste, confirmé la progression du parti d’extrême droite dans ce département : la liste de Jordan Bardella y a recueilli 30,1 % des suffrages exprimés, lors de ce scrutin qui a vu M. Tolassy remporter un siège de député européen.

Dès lors, « avec tous les signaux au vert, il aurait dû arriver en tête », commente la journaliste et documentariste Barbara Olivier-Zandronis. La mobilisation des élus de la circonscription pour barrer la route au tribun du RN a peut-être produit un effet : le député sortant distance son adversaire de 3 000 voix. « Avec les appels lancés par plusieurs maires, l’écart aurait dû être plus important », nuance la journaliste. Dans son fief de Sainte-Rose, Rody Tolassy est « populaire », poursuit Mme Olivier-Zandronis, qui évoque la capacité de ce candidat à « adapter les éléments de langage du RN à la psyché et à la sociologie guadeloupéennes ».

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