L’explosion des dépenses publiques, liées aux commandes dans le complexe militaro-industriel pour équiper l’armée en Ukraine, alimente depuis plusieurs mois un cycle de salaires et de dépenses des ménages à la hausse.
Déjà touché par les sanctions occidentales, le pouvoir d’achat des Russes est plombé par une inflation qui approche des 10%. Pour faire face, la Banque centrale russe (BCR) a annoncé vendredi 13 septembre relever son taux directeur d’un point de pourcentage à 19%.
« Les pressions inflationnistes actuelles restent élevées », a indiqué la BCR dans un communiqué, jugeant ainsi « nécessaire » un « nouveau resserrement de la politique monétaire ». La hausse des prix a atteint en août 9,05%, selon des chiffres officiels.
Le taux directeur avait déjà été relevé fin juillet de 16% à 18%, au moment où l’inflation atteignait sur ce mois-là 9,13%, son niveau le plus élevé depuis février 2023, bien au-dessus de l’objectif officiel de 4% affiché par les autorités.
La directrice de la BCR, Elvira Nabioullina, répète vouloir tout faire pour parvenir à une baisse durable de l’inflation, qui plombe le pouvoir d’achat des Russes, déjà touchés par les effets des sanctions occidentales. L’institution monétaire a dit vendredi désormais s’attendre « probablement »* à une inflation supérieure à * »6,5-7% » en fin d’année, alors que « le marché du travail reste tendu », touché par des pénuries de main d’œuvre dans de nombreux secteurs à cause du départ au front ou à l’étranger de centaines de milliers d’hommes.
Explosion des dépenses publiques
L’explosion des dépenses publiques, liées aux commandes dans le complexe militaro-industriel pour équiper l’armée en Ukraine, alimente depuis plusieurs mois un cycle de salaires et de dépenses des ménages à la hausse.
Le budget fédéral a augmenté de près de 50% depuis 2021, des milliards d’euros allant à l’armée, aux soldats, à leurs familles et aux entreprises d’armements , permettant à l’économie de résister aux sanctions, tout en tirant les prix du quotidien à la hausse.
De nombreux dirigeants d’entreprises se sont eux émus ces derniers mois du coût des emprunts bancaires, et donc des investissements, freinant à leurs yeux la croissance notamment dans les secteurs déconnectés de l’armée.
Certains observateurs anticipent, à moyen terme, un scénario de stagflation -quand l’économie souffre d’une forte inflation et d’une croissance très faible -, mais les autorités russes évoquent, de leur côté, une hausse du PIB de +3,9% pour 2024 avant de décélérer légèrement en 2025 et 2026 .