Des spécialistes mettent en garde les entreprises, indiquant que l’absence de soutien aux femmes souffrant des symptômes de la ménopause pourrait avoir un impact économique négatif.
Les entreprises irlandaises sont appelées à rattraper leur retard, et à mettre en œuvre des politiques relatives à la ménopause afin d’éviter un impact économique négatif et un éventuel exode du personnel féminin.
Tel est l’avertissement lancé par l’ancienne directrice du ministère public, Claire Loftus, qui devait s’exprimer lors de la deuxième édition des National Menopause Workplace Excellence awards à Dublin.
Cet événement a été créé pour saluer les efforts déployés par les entreprises pour soutenir le personnel féminin confronté à des symptômes tels que les fluctuations hormonales, l’anxiété, les troubles du sommeil, les difficultés de concentration ou les trous de mémoire.
« Tout scénario qui verrait des actifs risquer de quitter le marché du travail ou de réduire leurs heures de travail, uniquement en raison des symptômes de la ménopause, est potentiellement préjudiciable à une organisation et à une entreprise », affirme Claire Loftus.
Les femmes en âge d’être ménopausées représentent 11 % de la main-d’œuvre des pays du G7. Compte tenu du vieillissement des populations européennes et mondiales, cette tendance devrait se poursuivre, et même s’accentuer.
Selon une étude récente de la plateforme d’investissement AJ Bell, au Royaume-Uni, une femme sur 20 ayant connu la ménopause a cessé de travailler et une sur 25 a déclaré avoir réduit ses heures de travail, en raison de difficultés liées à ce phénomène.
Simplyhealth évoque des chiffres similaires dans son étude de 2023, constatant que près d’un quart (23 %) des femmes au Royaume-Uni ont envisagé de démissionner en raison de ces symptômes.
Que peuvent faire les entreprises pour soutenir leurs salariées ?
En 2023, le Chartered Institute for Personnel and Development (CIPD), basé à Londres, a interrogé plus de 2 000 femmes âgées de 40 à 60 ans, et a constaté que les entreprises mettaient en œuvre des politiques, sur le papier, et des réseaux de soutien, mais qu’en réalité, ce dont le personnel avait le plus besoin, c’était d’un travail flexible et de la possibilité de contrôler leur température corporelle sur le lieu de travail.
Près d’un cinquième des femmes actives souhaitaient bénéficier de congés menstruels (20 %) et de congés liés à la ménopause (18 %).
En 2023, seul un quart des employeurs avaient mis en place une politique relative à la ménopause au Royaume-Uni, et 9 % des femmes qui en avaient besoin avaient accès à un congé pour cause de ménopause.
Un autre rapport, intitulé « Health and Wellbeing at Work »* (Santé et bien-être au travail), publié par CIPD et Simplyhealth, révèle que près de la moitié des employeurs (44 %) offraient des possibilités de travail flexible dans le cadre de leur soutien à la ménopause.
Quelle sont les pertes potentielles auxquelles les entreprises pourraient être confrontées ?
Si les femmes devaient quitter leur emploi ou réduire leurs heures de travail en raison de ces symptômes, les dommages potentiels pour les entreprises pourraient être considérables.
La Harvard Business Review cite un rapport réalisé en 2022 par l’application britannique Balance, qui estimait à 10 milliards de livres sterling (12 milliards d’euros) les pertes commerciales liées à la ménopause, rien qu’au Royaume-Uni.
Une estimation similaire de la Mayo Clinic a chiffré le coût pour les entreprises américaines à 26 milliards de dollars (23,8 milliards d’euros) par an. Bloomberg a rapporté en 2021 que les pertes de productivité liées à la ménopause pourraient atteindre 150 milliards de dollars (137,2 milliards d’euros) par an.