La ville de Wolfsburg craint un avenir sans Volkswagen

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Cet article a été initialement publié en anglais

Wolfsburg inquiète par des potentielles fermetures d’usines Volkswagen en Basse-Saxe. Le groupe automobile emploie près de la moitié de la ville.

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Rassemblement matinal pour ces dizaines d’ouvriers de l’usine Volkswagen de Wolfsburg – pas pour commencer leur journée de travail, mais pour aller manifester à Hanovre, où se trouve le siège social de l’entreprise et où se déroulent actuellement des discussions particulièrement tendues entre les dirigeants et les syndicats.

Tous ici espèrent que les négociations mettront fin aux licenciements et aux fermetures d’usines envisagées par le groupe. Selon eux, ce n’est pas seulement leur emploi qui est en danger, mais la ville tout entière.« C’est terrible pour Wolfsburg, car Wolfsburg est le siège de Volkswagen. Nous devrions fermer beaucoup de magasins ici. Ce serait un deuxième Détroit. Détroit est donc le meilleur exemple et Wolfsburg serait pareil » explique Luigi Catapano, administrateur chez Volkswagen.

Le plus grand employeur de la ville

Volkswagen est omniprésent dans cette ville de 120 000 habitants, du stade de football aux boutiques de souvenirs. L’industrie automobile locale a même droit à son propre musée, appelée « Auto City ». « L’usine Volkswagen est le cœur industriel de toute la région. Historiquement, toute la ville est construite autour de l’usine Volkswagen et donc tout dépend en quelque sorte de cette usine » affirme Steffen Schmidt, attaché de presse du syndicat IG Metall.

Plus de 60 000 habitants de Wolfsburg travaillent pour Volkswagen. Une part importante de l’économie locale dépend donc de la santé de l’industrie automobile. Même les personnes qui ne travaillent pas pour le groupe ressentent son influence. « Que signifie Volkswagen pour la ville de Wolfsburg ? En fait, c’est le plus grand employeur et la ville ne s’est développée que grâce à Volkswagen, pour ainsi dire » déclare Hans-Jürgen Claassen, habitant de Wolfsburg et rédacteur d’une newsletter locale.

Le maire de la ville affirme que Volkswagen a permis à Wolfsburg de connaître une reprise économique et une stabilité sociale et que de nombreux habitants éprouvent un fort attachement émotionnel au groupe. Celui-ci se caractérise, entre autres, par le nombre de voitures ciglées du logo de la marque dans les rues de la ville. Certaines familles travaillent pour Volkswagen depuis plusieurs générations, comme celle Luigi Catapano : « c’est une catastrophe pour moi. Nous sommes une famille Volkswagen. Ma famille, mon grand-père travaillait déjà ici, mon père travaillait déjà ici, je travaille ici et mon fils travaille ici aussi maintenant. »

Négociations tendues

Les discussions se poursuivent au palais Herrenhausen de Hanovre malgré le climat tendu entre la direction et les syndicats. Le groupe souhaite prendre des mesures drastiques de réduction des coûts pour se remette de la forte baisse des ventes de ses véhicules depuis la pandémie de COVID-19 et à la sévère concurrence chinoise sur le marché de l’électrique.

Avant la rencontre, la négociatrice en chef Daniela Cavallo, présidente du comité d’entreprise du groupe Volkswagen, a déclaré que les discussions sur la sécurité de l’emploi n’étaient « pas négociables ». Arne Meiswinkel, son collègue, a exposé le point de vue de l’entreprise : « la situation sur notre site en Allemagne est très grave. (…) Aujourd’hui, lors du premier tour, nous évaluons la situation initiale. Nous sommes attachés à l’Allemagne en tant que site d’implantation et à l’emploi industriel. Toutefois, cela exige un niveau élevé de compétitivité. »

La direction a rejeté les demandes du plus grand syndicat allemand, IG Metall, justifiant « une réduction durable des coûts et d’une augmentation de la productivité, ainsi que d’une structure à l’épreuve du temps pour les conditions de travail couvertes par notre convention collective. » Elle a également déclaré que les constructeurs automobiles devaient réduire leurs coûts de main-d’œuvre en Allemagne et recourir à des travailleurs temporaires. « Nous ne pourrons conserver notre position de leader et préserver l’emploi à long terme que si nous travaillons de manière plus économique… ce qui ne peut se faire sans la contribution de la main-d’œuvre », a-t-elle déclaré.

À l’issue des trois heures de négociations, Daniel Friedrich, négociateur d’IG Metall, a déclaré : « nos revendications et nos arguments sont connus depuis longtemps. (…) Il est dommage que les employeurs n’aient pas présenté d’offre aujourd’hui. Nous attendons d’eux qu’ils entament rapidement des négociations sérieuses et qu’ils présentent aux salariés une offre substantielle lors du deuxième cycle de négociations. »

La convention collective de Volkswagen s’applique à environ 120 000 travailleurs des usines de Wolfsburg, Braunschweig, Hanovre, Salzgitter, Emden et Kassel.

Possible fermeture d’usines en Allemagne

Au début du mois, le groupe, qui emploie près de 600 000 personnes dans le monde, a démenti une information selon laquelle près de 30 000 emplois étaient menacés, mais a révélé qu’il envisageait diverses mesures de réduction des coûts. Celles-ci comprennent la fin d’un engagement de protection de l’emploi vieux de trois décennies qui aurait interdit les réductions jusqu’en 2029. Le constructeur automobile envisagerait également de briser un tabou en vigueur depuis près de 87 ans : fermer des usines en Allemagne.

À la suite de ces annonces chocs, les négociations sur un nouvel accord salarial ont été avancées et le premier cycle de discussions a duré trois heures. Aucun accord n’a été conclu.

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