Lecture
Guillaume Apollinaire, Le Pont Mirabeau (1912)
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours. Faut-il qu’il m’en souvienne.
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure.
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse.
Vienne la nuit…..
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va.
Comme la vie est lente
Et comme l’espérance est violente.
Vienne la nuit …
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau / Coule la Seine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure.
Ce texte « Le pont Mirabeau » m’a été offert par l’homme de ma vie. C’est un souvenir poétique !
Je suis née en 1928 et mon père tenait déjà à l’époque un langage féministe. – Michelle Perrot
Programmation musicale
Maurice Ravel : Gaspard de la nuit : 1. Ondine (composition 1908)
Martha Argerich, piano
Deutsche Grammophon 4795129
Martha Argerich a beaucoup de talent, elle a un jeu aquatique qui correspond au pont Mirabeau… et en même temps elle s’impose.
Elle est une femme libre, musicienne, grande interprète… C’est sa personne et son jeu qui m’ont beaucoup attirés. – Michelle Perrot
Jean-Sébastien Bach : Concerto brandebourgeois n°5 en Ré Majeur BWV 1050a : 1. Allegro
Ensemble Diderot dirigé par Johannes Pramsohler
Audax ADX11204D
A la maison on écoutait surtout des opéras, et mon grand-père chantait tout le temps des airs d’opéra-comique
Mes parents allaient beaucoup au théâtre et celui qui m’a aussi beaucoup apporté… c’est mon mari !
Bach est entré dans ma vie avec l’amour et j’ai toujours gardé une passion pour lui. Il efface presque tous les autres compositeurs…
Bach reste pour moi quelque chose d’essentiel. – Michelle Perrot
Jean-Sébastien Bach : Chorale : Jesus que ma joie demeure
Marie-Claire Alain, orgue
Erato ECD 88 030
Marie-Claire Alain a dû se frayer un chemin dans le monde de la musique classique en tant que femme. – Michelle Perrot
Jean-Sébastien Bach : Cantate BWV 147 : Herz und Mund und Tat und Leben : Choral : Jesu bleibet meine Freude
Ensemble Orféo 55 et Chœur de chambre Mikaeli dirigés par Nathalie Stutzmann
Universal music 481 0062
Zhu Xiao-Mei a eu une vie incroyable… et l’art de la fugue dans bach, c’est un sommet …
Jean-Sébastien Bach : L’art de la fugue BWV 1080 (Die Kunst der Fuge BWV 1080) : Contrapunctus n°1 et 2
Zhu Xiao-Mei, piano
Accentus music ACC30308
En histoire, on ne parle pas beaucoup des héroïnes. Ce qui est important c’est le questionnement : les femmes avaient-elles une histoire qui n’étaient pas seulement dans la reproduction éternelle. Les femmes au fil du temps par exemple se sont réappropriées l’écriture. – Michelle Perrot
Jean-Philippe Rameau : Platée : Que ce séjour est agréable (Acte I, scène 3 – Air de Platée)
Michel Sénéchal, ténor
Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire dirigé par Élisabeth Brasseur
Emi 4698612
Michel Sénéchal était l’amoureux d’une de mes copines de classe et nous rentrions ensemble de l’école.
Michel chantait dans le train retour. Il avait une voix magnifique … Il nous éblouissait complètement ! – Michelle Perrot
François Couperin : La muse plantine
Marcelle Meyer, piano
Emi 38467052
Claude Debussy : Preludes livre I : Danseuses de Delphes
Marcelle Meyer, piano
EMI 7674052
La musique c’est le langage des dieux … donc, comment voulez-vous que les femmes soient admises ?
Jean-Jacques Rousseau disait « une femme en public est toujours déplacée » … tout cela pèse beaucoup sur les femmes.
Dès qu’il s’agit de diriger quelque chose, on retrouve l’importance de la baguette qui commande, et ce sont des gestes virils… – Michelle Perrot
Pauline Viardot : Lamento – pour mezzo-soprano et piano
Anne-Lise Polchlopek, mezzo-soprano
Nicolas Royez, piano
B records LBM044
Pauline Viardot a fait une carrière internationale. Elle était très liée à Georges Sand : il y a une correspondance importante entre les deux femmes. Elles étaient confidentes et amies.
Georges Sand en a même fait l’héroïne d’un de ses romans : Consuelo. – Michelle Perrot
Frederic Chopin : Valse en ut dièse min op 64 n°2
Alexandre Tharaud, piano
Harmonia Mundi HMC 901927
Le désir des femmes c’est de vivre et exister et peu à peu franchir les frontières qui leur étaient imposées.
Les femmes sont en train de prendre corps dans un chapitre de la musique classique. La frontière musicale est difficile.
Il y a une véritable affirmation des femmes qui s’inscrit dans la durée.
Les féministes de notre époque font des choses formidables, elles pensent, écrivent… ces jeunes féministes d’aujourd’hui, je les salue et je leur souhaite bonne chance ! – Michelle Perrot
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