« Le fado c’est la fatigue de l’âme forte, le regard de mépris du Portugal vers le Dieu en qui il a cru et qui l’a aussi abandonné » . C’est la définition la plus connue, la plus lue et la plus terrible de ce genre musical et c’est le poète lisboète Fernando Pessoa qui la donne. Cette émission que nous consacrons au fado s’inscrit dans le cadre de la saison culturelle France-Portugal. A noter que la
Nuit 104 se déroulera le week-end prochain à Paris et célèbrera les talents portugais du fado, du fado plus traditionnel au fado revisité, en passant par le fado queer.
Entre tradition et modernité
Impossible de se promener dans les rues de Lisbonne ou de Coimbra sans entendre les relents de cette musique centenaire, aussi impossible que d’échapper au destin, le fatum en latin , d’où ce genre tire son nom. Impossible d’y penser autrement que comme une énigme ou plutôt un son d’Épinal d’un Portugal immémoriel, conservateur et qui se complairait à trouver dans cette musique très sanglotante des échos de sa gloire passée. Le fado le plus ancien est le “fado do marinheiro” (fado du marin), qui sert de modèle à tous les autres fados. A partir de cette racine commune, divers chemins se sont tracés, qui ont abouti dans divers styles : fado castiço, fado aristocrata, fado corrido, fado boémio sont quelques unes des facettes de ce vieux chant populaire de Lisbonne.
Une nouvelle génération de fadistes, queer, afro descente ou tout simplement curieux ne cessent de réinventer le genre et de lui rendre la vie.

Saudade, saudade
Le fatalisme du fado a souvent laissé croire qu’on pouvait le confondre avec la résignation passive et le conservatisme politique. Mais en réalité, ce qui prévaut dans le fado, c’est la notion de saudade , qui n’est pas née du déclin du Portugal mais bien pendant son apogée quand à Lisbonne, des générations entières d’hommes et de femmes confiaient leur vie, leur argent et leur destin à l’océan et passaient de longs mois à arpenter les docks de la ville pour espérer voir revenir quelque chose de la mer. La saudade, « cette déchirure de l’être qui se découvre enfant du temps » , comme le décrit Eduardo Lourenço a plus à voir avec la sensation du temps qui passe que de la tristesse.
Programmation musicale et archives
- Lina et Raul Refree, Cuidei que tinha morrido
- Archive : Misia donne sa définition de la saudade, émission “Buzz”, France culture, 2008
- Amalia Rodrigues, Canção do Mar
- Archive : Amalia Rodrigues , sur les origines du fado, dans l’émission “Le flâneur du dimanche”, RTF, 1957
- Alberto Ribeiro, Maria Severa
- Archive : Ana de Carvalho, amie d’Amalia Rodriguez sur la naissance du fado, émission “Portraits en concert”, France culture, 1989
- Fado Bicha, Cronica do Maxodiscreto
- Archive : Maria Elena Vieira Da Silva sur les modes du fado dans l’émission “Notre temps”, France Culture, 1969
- Amalia Rodrigues, Uma casa portugesa
- Conan Osiris, Adoro Bolos
- Archive : Carlos do Carma, la tradition la guitare à Coimbra, dans l’émission « Latitudes« , France culture, 1987
- Jose Afonso, Grandola Vila morena
- Archive : le chanteur Carlos do Carma évoque le destin politique du fado, dans l’émission “Le concert de France culture”, France culture, 1989
- Antonio Zambujo, Da avesso
- Archive : Misia sur le renouveau du fado, émission “Buzz”, France culture, 2008
- Stereossauro feat Camané, Flor de Maracuja