Publié le 11 juillet 2024
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Il a coupé court à un faux suspense. Le président sortant Abdelmadjid Tebboune est officiellement candidat à l’élection présidentielle du 7 septembre 2024. L’annonce de la candidature du chef de l’État pour un second mandat a été faite ce jeudi 11 juillet dans une déclaration à la télévision algérienne, à l’issue d’un entretien accordé à un journaliste local. Interrogé sur son intention d’être candidat, Abdelmadjid Tebboune a annoncé que le moment était venu de se déclarer, ajoutant qu’il répondait ainsi aux demandes formulées par « certains partis politiques, des associations et des jeunes algériens ».
Logistique de guerre
En officialisant cette candidature à moins de deux mois du scrutin, Abdelmadjid Tebboune perpétue ainsi une tradition du système algérien qui veut qu’un président sortant ne dévoile ses intentions que huit à dix semaines avant le jour du vote. En annonçant sa décision à deux mois de l’échéance prévue, le candidat sortant peut ainsi faire l’économie d’une campagne électorale longue, éreintante et qui nécessite le déploiement d’une logistique de guerre.
La prochaine étape pour le candidat Abdelmadjid Tebboune consistera à recueillir les parrainages des citoyens ou des élus, conformément à la loi, avant de déposer son dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel. Toutefois, cette opération est une simple formalité tant la présidence est en mesure de mobiliser tous les relais au sein du pouvoir et dans l’administration afin de récolter le maximum de signatures. Elle est d’autant plus une formalité que la réélection du président sortant est d’ores et déjà acquise.
Âgé de 80 ans en novembre prochain, le chef de l’État algérien a été élu pour la première fois le 12 décembre 2019 en recueillant 58,13 % des voix, à l’issue d’une élection présidentielle largement boycottée par les électeurs. L’arrivée au pouvoir de Tebboune avait été rendue possible par la révolution du Hirak de février 2019, qui avait contraint le président Abdelaziz Bouteflika à renoncer à un cinquième mandat et à démissionner.
Au cours des cinq dernières années, Abdelmadjid Tebboune a régulièrement éludé – en privé comme en public – le sujet de son avenir au Palais d’El Mouradia. À certains de ses visiteurs, il expliquait qu’il n’avait pas l’intention de s’éterniser au pouvoir. À d’autres, il glissait qu’il n’avait pas eu assez de temps pour réaliser son programme à cause de son hospitalisation en 2020 pour soigner son Covid, puis de la guerre en Ukraine.
Au fur et à mesure que l’échéance de la présidentielle approchait, il devenait de plus en plus évident que le président sortant nourrissait l’ambition de se succéder à lui-même. L’absence d’un potentiel challenger ou d’un candidat qui serait adoubé par une partie de l’institution militaire – comme ce fut le cas en 2004 avec le candidat Ali Benflis, soutenu par une partie de l’armée contre Abdelaziz Bouteflika – avait fini de convaincre l’opinion publique que le ne président ne pourrait que se succéder à lui-même.
Reconduction déjà actée
Le 21 mars, Abdelmadjid Tebboune avait en outre surpris en annonçant que l’élection qui devait normalement se dérouler en décembre 2024, date à laquelle se termine son mandat, se tiendrait de façon anticipée. La décision d’avancer l’élection présidentielle ne s’explique ni par des considérations politiques ni par des désaccords avec la hiérarchie militaire, liés à la question de son maintien ou non au pouvoir, a-t-il expliqué plus tard. Selon lui, elle obéit à des considérations purement techniques. Les Algériens n’ont pas l’habitude de voter en décembre, a-t-il plaidé, avant d’ajouter : « En septembre, les citoyens seront mieux préparés à voter après les vacances d’été, et tout le monde sera rentré chez soi. »
Depuis l’annonce d’une présidentielle anticipée, le président sortant a esquissé les contours de mesures qu’il pourrait prendre au cours des prochaines années, accréditant ainsi la thèse que sa reconduction à la tête de l’État est déjà actée. À l’horizon 2026-2027, a-t-il ainsi confié, il procédera à de nouvelles hausses de salaires pour, à terme, les doubler. Au cours de la même période, il assure qu’il portera le PIB algérien à plus de 400 milliards de dollars, contre 247 milliards en 2023.
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