Publié le 9 juillet 2024
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Son coming out sur les réseaux sociaux a fait couler beaucoup d’encre. Brenda Biya, fille du chef de l’État camerounais Paul Biya, rappeuse installée en Suisse, a posté une photo d’elle, embrassant une femme, avec la mention « PS : Je suis folle de toi et je veux que le monde le sache ».
Tantôt accusée de vouloir « faire le buzz », tantôt saluée pour son geste, alors que le pays dont son père est le président réprime l’homosexualité, Brenda Biya s’est exprimée pour la première fois depuis sa publication, dans une interview donné au quotidien français Le Parisien.
Sans cacher son anxiété à l’idée de parler ouvertement pour la première fois de son coming out et de ce qu’elle subit depuis, la fille de Paul Biya est revenue sur les réactions suscitées par sa publication. « J’ai reçu beaucoup de soutien de la part d’organisations camerounaises et occidentales. Des gens m’ont souhaité du courage. Mais j’ai aussi reçu des réactions négatives, homophobes », déclare-t-elle au Parisien. Et même si elle est encore entrain de « digérer » le flot de réactions « violentes » et « homophobes », elle estime que c’est important d’expliquer sa démarche. « Il y a plein de gens dans la même situation que moi, qui souffrent à cause de ce qu’ils sont. Si je peux leur donner de l’espoir, les aider à se sentir moins seuls… », poursuit-elle.
« Ce n’était pas qu’un post : cela signifiait s’accepter soi-même »
C’est qu’au Cameroun, comme dans plusieurs pays d’Afrique, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont passibles de plusieurs années de prison. Sachant à quel niveau de répression ils s’exposent, les homosexuels sont contraints soit au déni, soit à la discrétion. « J’étais dans le déni. Je connais les traditions de mon pays et pour moi, c’était inenvisageable », explique Brenda Biya.
Brenda Biya affirme n’avoir consulté personne, même pas sa compagne, avant de poster sa photo et son message sur les réseaux. Ce qui lui a valu la colère de son frère, « surtout à cause de la manière dont je l’avais fait, parce que je l’avais annoncé sur les réseaux avant de lui en parler », explique-t-elle. Quant à ses parents, « ils voulaient que je supprime la publication », regrette-t-elle. « Mais pour moi, c’était comme faire un pas en arrière et j’avais déjà sauté le pas, ajoute-t-elle. Ce n’était pas qu’un post : cela signifiait s’accepter soi-même. Depuis, c’est silence radio. »
« Mon souhait le plus cher serait d’avoir une conversation directe et ouverte avec mes parents »
Consciente de sa position hautement symbolique en tant que fille de président, la rappeuse confie au Parisien : « C’est beaucoup de pression. Parce que les gens ont beaucoup d’attente envers vous. J’ai toujours pensé que je n’étais pas vraiment faite pour ce rôle. Je le vois un peu comme une cage dorée […]. En politique, il faut être droit et moi, j’ai toujours eu du mal à rester dans le cadre. » Ne cachant pas son espoir de faire évoluer les mœurs et la législation, elle ajoute : « Cette loi existait avant que mon père soit au pouvoir. Je la trouve injuste et j’ai l’espoir que mon histoire la fasse changer. »
Observant un changement de mentalités au Cameroun, « notamment chez la jeune génération », Brenda Biya estime que « les choses peuvent évoluer. C’est peut-être trop tôt pour que [la loi] disparaisse complètement mais elle pourrait être moins stricte. On pourrait d’abord supprimer la peine de prison ». Une note d’espoir malgré l’incertitude de la jeune femme quant à son propre sort familial. « Je peux perdre beaucoup : froisser les liens avec ma famille, ne plus avoir le droit d’aller dans mon pays, être mise en prison. »
L’échange de la rappeuse avec le quotidien français se termine sur ce qui s’apparente à un appel : « Mon souhait le plus cher serait d’avoir une conversation directe et ouverte avec mes parents où on mettrait tout à plat. J’ai l’espoir que ça arrive mais d’abord, je les laisse digérer. Moi aussi d’ailleurs, je suis toujours en train de digérer ma propre situation. » Sera-t-elle entendu?
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